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BDSM : L' ENCYCLOPEDIE BDSM D' AURORA 21 : E COMME ESTHETISME ( Surprise!)

AURORA | 9 | 10/19/2003
Ma très chère Az' ... :)
Gwenn | 10/20/2003
M. pourrait-il donner ici son point de vue sur le fait d'être dominant ?

Ou est-ce impossible ?
Darck Crystale | 5/27/2009
Chère Darck Crystale

En lisant l’intégralité du blog d’Aurora, vous trouveriez ci et là des réponses à votre question.
Je vais tout de même essayé de synthétiser.

Pour moi, être Dominant, ce n’est pas être un Maître dans le sens où on l’entend dans le BDSM. Je préfère être un guide. Il doit d’ailleurs traîner sur le net un de mes vieux articles intitulé « Maître ou mettre ? »
Je ne veux pas d’une soumise « serpillière ». Je préfère rencontrer une certaine « résistance ». D’ailleurs je n’ai jamais dit d’Aurora qu’elle était ma soumise. Elle est ma docile.
Je ne dresse pas, je cherche plutôt à apprivoiser. J’aime qu’elle m’offre comme un cadeau ce que j’attends d’elle (c’est alors le « don de soi ») plutôt que de chercher à l’obtenir par la force, la peur ou le chantage.
Cela n’empêche pas que certains jeux, certaines situations peuvent être « hards » et passées pour violentes pour des yeux non avertis. Et comme je l’ai déjà écrit, je ne joue jamais quand je suis dans un état de stress ou en colère. Nous avons nous aussi nos petites contrariétés, nos petits différents inhérents à tous les couples.
Et si cette pseudo-violence amène de la douleur, celle qui nous permet de nous sentir humains (qu’elle soit donnée ou reçue) et/ou celle qui revigore (comme les mille piqures des flocons d’une tempête de neige), ce n’est jamais une souffrance.
Si dans ma relation SM, Aurora est ma complice, dans la vie, lorsque la parenthèse du jeu est refermée, elle est mon égale.
Cordialement
MARDEN
Le M d-AURORA | 5/28/2009
Merci beaucoup M. :)
Darck Crystale | 5/28/2009
J'ai trouvé ce texte, Marden, bien éclairant. Merci à mon tour. Et en même temps, il souligne toute la contradiction et l'ambiguïté de mon propre rapport à la domination (au sens où nous l'entendons ici). Dans ma relation amoureuse, mon ignorance des "codes" du genre est complète et tout-à-fait volontaire, dans une démarche que je veux être guidée par l'envie, la spontanéité et l'abandon progressif de part et d'autre des inévitables barrières que l'éducation, la norme ou la référence sociale dressent en nous (pas toujours pour le pire, d'ailleurs). Aussi, suivre un "code" dans cette exploration m'a-t-il toujours semblé incongru, fut-il même réduit à la symbolique élémentaire de la Majuscule et de la minuscule.
Mais alors, un point m'a toujours perturbé, et m'empêche d'être totalement investi dans une relation de domination (là aussi, au sens d'un rapport à une "complice docile" comme vous le décrivez si bien): c'est justement le basculement entre les positions de l'un et de l'autre telles qu'elles s'expriment dans la relation SM, et telles qu'elle "re-deviennent" dans la "vraie" vie. Je n'arrive jamais vraiment à considérer un cloisonnement entre des rôles qui relèveraient de la part la plus intime d'une relation de couple, et ceux qui font le quotidien de cette même relation (y compris dans son volet public ou même parental). Aussi, si l'intime et le public dans la relation amoureuse se fondent en dégradé l'un dans l'autre, comment être dominant et soumise d'un côté, et égaux de l'autre ? C'est un paradoxe que je n'ai toujours pas réussi à résoudre en moi-même (et qui explique probablement la nature de ma relation). Le Shibari, sur ce plan-là, est pour moi un mode d'expression qui justement ne rend pas incompatible les deux aspects: je lie ma compagne comme on habille une femme d'un bijou, cherchant à rendre manifeste par cet ornement la beauté que je ressens en moi face à ce corps aimé. Et cette attention, ces gestes lents tantôt fermes et tantôt doux, cette écoute et cette observation, tout cela, elle le reçoit comme l'hommage qu'ils constituent à mes yeux. Et de fait, rien dans cette pratique n'est alors intrinsèquement différent des mots élogieux que je peux prononcer publiquement à son encontre: il ne s'agit plus que d'un mode particulier d'expression d'un amour, qui en connaît d'autres, de chaque côté.
Mais s'agit-il de domination, alors ? De dissymétrie, certainement, car l'un de nous mène un jeu que l'autre "reçoit" (et non pas subit). Mais je ne vois pas de vraie hiérarchie dans cela, au fond. Et en conséquence, hors de ces moments d'intense proximité, la banalité prosaïque (mais pas pour autant désagréable) de la vie quotidienne de notre couple ne nous semble pas vraiment être en opposition avec ces instants d'intense complicité où nous ne sommes plus "identiques" dans nos rôles, mais néanmoins toujours égaux.
Beaucoup de mots (sans doutes inutiles ou verbeux) dans cette intervention, au fond pour une question simple: une relation SM basée sur l'amour peut-elle aller au-delà du jeu de rôle (pour lequel je n'ai pas d'attirance personnelle) ? Je suis par trop novice et éloigné de cette communauté pour en connaître la réponse. Mais je ne demande qu'à apprendre.
Bien à vous deux,
vanillaldehyde | 6/11/2009
Bonjour vanillaldehyde
Je suis vraiment navré d'avoir du retarder ma réponse mais les impératifs professionnels s'imposent (gardes de 48 heures et 240H dans le mois...)
Par ailleurs:
Pour ma part, je crois effectivement qu’une relation SM basée sur l’amour peut aller au-delà du « jeu de rôle ». Mais si comme je le suppose, vous avez bien lu le blog d’Aurora, vous saurez que nous ne sommes pas dans ce jeu là et que les codes du genre ne font pas partie de nos usages.
Je suis d’accord avec vous en ce qui concerne le shibari comme mode d’expression amoureuse et dont vous décrivez le cheminement comme j’eusse aimé l’écrire.
Mais je ne vois pas ce qu’il y a de paradoxal, quand on ne reste pas prisonnier des lieux communs du conjugal ou enfermé dans des vieilles rancoeurs sexistes, d’avoir dans l’intime une relation « dominant/dominée » et de se retrouver dans une relation égalitaire aux yeux du public ou de la parentèle.
Cela étant, il n’y a pas lieu alors de cloisonner sa vie pour ou dans des rôles définis.
Le M d-AURORA | 6/13/2009
Bonsoir Marden. Surtout ne vous excusez pas, j'apprécie déjà beaucoup que vous comme Aurora ayez pris la peine de réagir ou répondre à mes interventions (sans doute teintées de naïveté), tandis que pour vous comme pour tout le monde, la "vraie" vie continue avec ses exigences. Merci à nouveau, donc, pour ces éclairages.
A la lecture de ce blog, j'ai bien saisi (je crois) la liberté entière de votre relation à tous deux, et par liberté j'entends cette forme de spontanéité qui n'a pas besoin de s'encombrer de codes ou de noms. Et c'est une démarche pour laquelle j'ai toujours beaucoup d'admiration: chacun structure sa personnalité, sa vie et son rapport aux autres sur des schémas pré-établis et probablement indispensables (mais néanmoins aliénants), et certains seulement parviennent, une fois cette étape de structuration franchie, à se dévêtir de ces habits bien utiles mais pesants, pour retrouver ce qu'ils sont vraiment. Il y a peu de choses telles qu'une relation amoureuse profonde pour parvenir à cela, avec tout ce qu'elle suppose d'abandon de "masques" et de "postures", et je crois lire dans vos échanges que c'est justement l'une des choses à laquelle votre magnifique relation vous a amenés. Donc, "chapeau bas", si j'ose me permettre.
Justement donc, si je reprends votre réponse avec cette perspective, je crois comprendre que cette relation dominant/dominée que vous entretenez est circonscrite au domaine de l'intime. Mais contrairement (peut-être ?) à beaucoup d'autres couples SM, il apparaît dans vos écrit que cette différence entre l'intime et le publique n'est pas due à l'affichage public d'une façade socialement acceptable, mais plutôt à une relation dont la dynamique est fortement dépendante du contexte (intime ou publique) tout en demeurant dans les deux "mondes" totalement sincère. En d'autres termes, je crois comprendre que vous êtes autant vous-même dans votre relation SM intime que dans votre relation égalitaire publique. Est-ce que je me trompe ?
C'est peut-être alors la raison pour laquelle j'avais du mal à comprendre au premier abord un tel mode de fonctionnement. Je pense qu'il s'agit en fait de deux manières différentes de percevoir la dynamique d'une relation. Je conçois sans mal que l'intime et le publique soient deux espaces où un couple peut développer des rapports de nature subtilement (voire moins subtilement) différente. Et dans une telle dynamique, effectivement le paradoxe que je croyais percevoir tombe: rien n'empêche la coexistence de deux modes de relation dans deux "mondes" différents. Mais dans ma propre conception, je fais toujours le voeux de construire notre relation comme un "en-soi" dont la nature profonde ne dépende plus du contexte (un doux rêve, bien sûr). C'est au fond une forme "d'indécence" des sentiments, qui voudrait que l'expression de ces dits sentiments devienne aveugle aux notions même de "privé" et "publique". Bien évidemment, certaines manifestations amoureuses ne sont pas socialement acceptable dans un lieu et dans une époque donnée, et il faut faire avec. Mais l'époque ou le lieu changeant, je n'aurais par exemple aucune gène à manifester ouvertement les volets les plus intimes de notre relation amoureuse. Et il ne s'agirait certainement pas d'exhibitionnisme, bien au contraire: l'exhibitionnisme serait de considérer cet affichage comme une transgression et de le réaliser néanmoins, précisément pour jouir de cette transgression. Alors que pour nous, il s'agirait au fond seulement de ne pas devoir circonscrire notre intimité selon un code social qui imposerait un comportement acceptable dans une sphère publique. Quelque chose d'impossible au fond dans une société humaine. Nous aurions dû naître bonobos (sans doute l'animal social qui m'inspire le plus de respect) !
Mais pour conclure, donc, je comprends maintenant (je crois) ce qui peut vous permettre de développer cette relation SM intime entre vous sans paradoxe aucun avec votre vie publique. Et a contrario, je comprends ce qui limiterait inévitablement une telle relation dans mon propre couple, où justement notre ambition serait de rayer l'opposition "intime/publique" de notre vocabulaire si cela était possible.
Encore beaucoup de mots ! Désolé pour tout ce verbiage, surtout ne vous sentez pas tenu de répondre. Je crois que vos réponses courtes et néanmoins précises m'ont aidé à mettre un peu d'ordre dans mon esprit. Et à me rendre compte que décidément, j'ai bien choisi mon pseudonyme ici. :-)
Passez une bonne nuit et un bon week-end, et merci encore pour votre temps.
Bien à vous,
vanillaldehyde | 6/14/2009
Vanillaldehyde
Juste deux "éclairages".
Je ne domine pas, je guide. Je ne dresse pas, j'apprivoise. Et ne jouant jamais sur le registre de l'humiliation ni de la négation de l'autre, la "relation égalitaire" ne me (nous) pose aucun problème que nous soyons dans l'intime ou le public.
Par ailleurs, je n'ai pas honte de ma sexualité, et si je ne l'arbore pas comme un saint sacrement (comme disait Georges) je ne m'en cache pas et éventuellement discute du (BD)SM que ce soit pour le demystifier ou le démythifier. Donc nombre de personnes dans mon entourage connaissent mes "gouts".
Le M d-AURORA | 6/15/2009
Merci pour ces précisions. Je pense avoir bien perçu tout cela en effet, au travers des écrits et témoignages de ce blog.
Et pourtant ... si je peux me permettre, je crois qu'il y a une part de débat sémantique dans votre réponse (mais je peux me tromper). Vous opposez "dominer" et "guider" en associant implicitement une connotation négative au premier terme (par l'opposition qui suit entre "dresser" et "apprivoiser" et par la mention de "l'humiliation" un peu plus loin, par contraste à nouveau avec "apprivoiser"). Cette connotation négative existe certainement dans la syntaxe française, et elle peut s'associer parfois à un jugement de valeur, justement inégalitaire (le dominant se trouvant valorisé et le dominé méprisé). Mais transportons-nous un instant dans le monde animal (encore, direz-vous !), que nous ne faisons que semblant au quotidien d'avoir jamais quitté. Dans quasiment tous les groupes de mammifères sociaux, la notion de dominant et dominé existe. Et cette vision éthologique de la question apporte, à mes yeux, un éclairage intéressant. Mis à part (peut-être) chez les loups (et encore), chez la plupart des autres mammifères sociaux (la plupart des ongulés, les éléphants, les grands singes, etc ...) cette hiérarchisation entre individus définit avant tout une répartition des rôles, et jamais une hiérarchie de valeur au sein du groupe. Cela est particulièrement vrai chez les grands singes à nouveau, lorsque le rôle du mâle alpha est, précisément, d'assurer la protection du groupe et de décider ou non de l'acceptation ou du rejet d'un nouveau membre. Ce rôle de cohésion sociale et de protection illustre à merveille comment, dans ce "monde"-là, le dominant se "donne" au groupe, et pas le contraire. Et comment le dominant n'existe, lui aussi, que PAR le groupe.
Pour ma part, je perçois une relation amoureuse dominant/dominée (c'est le terme que, plus haut, vous aviez choisi vous-même) sous un angle similaire. Et dans cette perspective, il n'y a rien de négatif dans le terme "dominant", et surtout rien qui suggère une dévalorisation de la "dominée".
Mais je conçois que le terme "dominant" soit parfois si chargé qu'on préfère lui substituer une périphrase.
Merci à nouveau pour cette réponse, bien à vous,
vanillaldehyde | 6/16/2009
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