Nous étions en Novembre alors.

Mon fils ne comprenait pas ma douleur, le fait que je ressente ma vie amoureuse terminée à l’âge que j’avais. Il anticipa son cadeau de Noël et m’offrit un abonnement sur un site classique, célèbre et très cher (celui où il faut attendre 15 jours pour être coopté mais où, vu le prix d’ « entrée », on ne risque pas de ne pas l’être !).

Dès mon premier mois de présence, j’eus des contacts en dialogue avec une dizaine de personnes et un rendez-vous avec quatre d’entre elles.

Je jugeai que le troisième pouvait être le bon. C’était un homme raffiné et courtois. Jamais, il ne me fit monter ou descendre de sa voiture sans m’ouvrir la porte. Il était cinéphile, parlait l’italien. Sa compagnie rieuse m’apportait la sensation de revivre. Il me trouvait belle, cultivée et était fier de me présenter à ses amis.

Et, à travers une union sexuelle harmonieuse, il me rendait toute ma féminité.

Il n’avait qu’un défaut : croire qu’Alain Juppé serait notre prochain Président et que la France retrouverait toute sa place internationale avec lui (rires)…

 

Pendant ce temps, mon ancien compagnon hantait les t’chats BDSM à la recherche d’une soumise, jeune et novice.

Il rencontra une jeune femme avec laquelle en tout bien tout honneur il devint ami de plume. Cela ne l’empêcha pas, le jour où je reçus un mail d’une très ancienne lectrice de l’époque d’U-Blog, m’informant qu’il avait déposé mes photos sur son profil, de dénoncer son amie de dialogues comme étant celle qui m’avait renseignée. Il lui fallait toujours un bouc émissaire.

Cette jeune femme, à laquelle il avait donné le nom de mon blog en l’apostrophant quant aux photos, avait un ami qui connaissait tout du BDSM. Dont ces pages dont il était le lecteur privilégié  puisque nous nous écrivions depuis des années. Elle eut mon mail et me proposa de me rencontrer. Je cédai à la seconde demande.

Je fus très surprise d’apprendre que mon ex me démolissait au fil des conversations, allant de reproches antédiluviens (la « vie commune ») en mensonges éhontés (il nia mes problèmes cardiaques) et prétendit même révéler des « secrets de famille » avant qu’elle ne l’arrête.  

Comme nous sortions souvent en quatuor (elle et son ami, moi et celui que je venais de rencontrer), il apprit que je n’étais plus seule.

 

C’était à l’époque des attentats de « Charlie Hebdo ». Nous nous rapprochâmes à cette occasion, et comme j’étais, quelque part, encore amoureuse, je fus ravie.

Mais il avait, durant ces mois qui précédaient, vécu des soirées et s’était relancé dans la vie BDSM et libertine.

La proposition que je lui fis alors était celle-ci : nous nous donnions jusqu’en juillet pour voir si, véritablement, nous étions capables de nous choisir à nouveau. Si tel était le cas, je romprais alors avec mon soupirant et nous partirions ensemble dans ma location d’été où il verrait bien comment se passeraient les choses avec mon fils. Si tout allait bien, nous rentrerions en septembre vivre chez moi dans cette fameuse « vie commune » à laquelle il aspirait tant. Sinon, nous reprendrions nos billes.

Il ne voulut pas. Il prétendait devenir fou de me savoir avec un autre. Il y eut des scènes mémorables. Tant et si bien que je cédai.

 
Et pourtant, tout commença mal.

Il me raconta avoir enterré une de ses amies entre copains de jeunesse alors qu’en fait, il s’était rendu à L. pour s’occuper d’un couple qu’il avait contacté par Internet.

En février, je descendis le voir. Un fouet pendait, accroché à l’armoire, différents instruments étaient répandus sur le bureau de la chambre, comme si quelque chose s’était déroulé là, très peu de temps auparavant. Il me dit avoir voulu ranger ses affaires. Dans la pièce abandonnée par ses fils adultes, il y avait une cage et les prémices d’un donjon.

De plus, dans un souci de clarté et la main sur le cœur, il m’ouvrit sa boîte mail principale. Il en avait mal fait le ménage. Y subsistaient trois mails. Les deux premiers avec les photos très osées d’une fille cambodgienne de 20 ans dont il m’avait seulement dit l’avoir défendue contre…un maître chanteur, mails et photos adressés à son cousin avec le commentaire « Si je la chope, je ne mets même pas 15 jours pour en faire une parfaite sa**pe ! ».

Et le troisième était une autre tentative de contact avec cette même fille mais en lui envoyant la photo de son fils de 29 ans et en prétendant être celui-ci.

 

Je commençais à penser que nous ne sortirions jamais du mensonge. Je n’étais plus convaincue que nous ayons encore une seule chance et je lui fis savoir que rien n’était gagné et que mon seul but étant dorénavant d’être heureuse, il avait quelques mois pour m’offrir le bonheur. Ou rien.

 

Ce fut le moment où l’on me diagnostiqua une maladie de la peau auto-immune et qui plus est orpheline. Comme l’on ne sait rien d’elle, on s’est simplement aperçue qu’elle démarre six mois après un grand stress. Aujourd’hui encore, je me badigeonne de lotion à la cortisone tous les jours, ce qui en a stoppé l’évolution, et, à chaque fois, en moi, je le remercie pour sa première rupture et la lettre écrite avec sa sœur.

 
Revenons à nos moutons.

Il exigea donc, après ma visite, de hâter les événements et de venir s’installer chez moi au plus tôt. Je reposai ma condition : plus de heurts, plus de mensonges et, avant une quelconque décision définitive (du genre donner congé à son propriétaire), je voulais nous revoir heureux.

 

Rentrée chez moi, dans la même journée, je rompis avec mon ami et annonçai au père de mon fils (qui était tout de même propriétaire à un tiers de cet appartement puisqu’il nous avait fallu contracter ainsi pour en avoir le crédit au temps de l’achat) que je voulais y vivre avec un autre.

Les deux hommes pleurèrent et je fus déchirée de tristesse.

Je fis beaucoup de mal à l’ami de cœur en le trahissant ainsi soudainement alors qu’il émergeait à peine d’un divorce douloureux. Je ne devais jamais le revoir.

Tout comme le père de mon fils qui ne revint jamais à l’appartement et qui voit désormais très rarement mon fils chez mes parents.

 

Parlons un peu de mon appartement. C’est un bordel innommable : j’ai des milliers de livres et plus assez d’étagères : ils s’entassent partout. J’ai des centaines de flacons de parfum (la plupart « vintage », une vraie fortune) : ils occupent des cartons dans la seconde salle de bains que je ne chauffe pas à cet effet. J’ai des journaux « collector » en quantité industrielle qui s’empilent eux aussi et mes vêtements qui débordent de mes armoires sont posés sur des chaises. Mon fils a pris le virus : lui non plus n’a pas assez de place pour ranger tout ce qu’il a. Il faudrait jeter, certes, mais quoi ? Et qui devrait en décider?

 

Quand mon ex débarqua dans cet appartement, et bien qu’il connaisse depuis des années son état, nos eûmes un week-end de bon (celui de l’anniversaire de mon fils), puis il commença à tout vouloir changer. Ranger, évidemment, mais aussi retapisser, repeindre, changer les meubles qu’il trouvait vieillots.

Des dépenses que j’étais bien incapable d’assumer. Et lui, encore moins. Des meubles que j’aimais. Il prétendait que c’était parce qu’ils me rappelaient le père de mon fils. Je grimaçai devant tant de jalousie stupide qui ne pouvait me mener qu’à la ruine.

Tout comme lui qui grimaça lorsqu’il découvrit qu’au 1er janvier, il lui faudrait donner une adresse et que, si c’était la mienne, cela augmenterait ma taxe d’habitation à moins qu’il ne fasse une déclaration à part et que dans ce cas, il paye une taxe propre à lui-même.

Il devint très rapidement fort désagréable et je fus certaine que ce n'était pas de l'amour qu'il éprouvait pour moi mais qu'il avait seulement eu le désir de me reconquérir dans la colère de ne surtout pas me laisser appartenir à un autre homme. Il ne voulait pas de moi mais il ne me voulait pas à un autre.

Je ne représentais cependant plus aucun intérêt pour lui. En ce printemps, la mode était aux imprimés provençaux jaunes et bleus et je m'étais acheté une petite robe de ce genre. Comme il me l'avait tachée maladroitement d'eau de javel, je dus la recommander auprès du fournisseur. Pendant que je l'attendais, nous en voyions de semblables mais dans des boutiques nettement plus chères. Et lui, qui n'était jamais capable de m'adresser le moindre compliment, me faisait en revanche remarquer que les dessins sur celles-ci étaient vraiment plus raffinés que ceux de la mienne. Le genre de chose que l'on peut se permettre de dire si l'on a les moyens d'offrir la robe en question !!! Ce qui était très loin d'être le cas...

Par contre, tous les jours, il reprochait de façon virulente que « nous » ne commencions pas à « ranger ». Pourtant, dans le hall, une misérable petite armoire contenant des livres avait dû être enlevée pour des travaux après un dégât des hauts et les livres mis dans des cartons. Il attendit la veille du jour où les tapissiers devaient venir pour réquisitionner mon fils et la déplacer puis, quelques jours après, il fit appel au même pour regarnir l’armoire.

J’avais depuis longtemps compris : il ne voulait rien faire seul, il voulait que mon fils soit sur le coup pour tout.

Or, il n’aimait pas mon fils qui était pourtant très gentil avec lui.

Chaque soir, au lit (nous ne fîmes jamais l’amour car la présence de mon fils dans l’appartement le gênait, alors ne parlons pas même de BDSM…), il m’en disait du mal : mon enfant n’était pas autonome, il n’était pas sportif, il était lymphatique, il ne desservait pas la table, il choisissait les programmes de télé etc.

Je l’avais mal élevé, j’avais compromis son avenir social.

Certes ! Mais mon fils me parle bien alors que les siens le traitent comme un cabot servile et il ne fume ni tabac, ni cannabis alors que dans sa famille, deux d’entre eux y sont complètement accroc.

En fait, mon fils - qui venait de commencer de très longues études - le gênait : il empêchait la « vie commune » et surtout, je le crois très fort, la mise en place de sa tyrannie sur moi.

Comme il ne pouvait compter sur son aide (mon fils passait ses examens) et bien, nous ne le vîmes même pas déplacer une feuille. Pensez aux travaux de « retapissage » et autres évoqués au début !

Bref, il passa quelques mois chez nous (puisqu’il nous appelait « le couple ») sans rien faire mais… en nous accusant de n’avoir rien fait.

 

 

 
(à suivre)