BDSM et Art: « Rose, cest Paris », une exposition de Bettina Rheims et Serge Bramly sur le site Richelieu de la BNF du 8 avril au 11 juillet 2010.
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Toutes les photographies © Bettina Rheims.
Il est des expositions photographiques qui sont des événements de par leur forme même.
C’est le cas de « Rose, c’est Paris » qui a débuté le 8 avril sur le site Richelieu de la BNF et qui va durer jusqu’au 11 juillet 2010.
La remarquable photographe Bettina Rheims derrière l’appareil et l'écrivain Serge Bramly à la caméra y mettent en scène une intrigue étrange à travers quelques cent photos et un film vidéo d’une heure ½.
Les amateurs de BDSM tout comme ceux qui sont totalement étrangers à nos pratiques y trouveront du grain à moudre.
Il s’agit en fait d’une sorte de roman photo issu en droite ligne du Surréalisme et porteur de tous les « clichés » que cette Ecole aimait : le noir et blanc, Paris, l’érotisme bizarre et l’aspect feuilletonnesque à la Fantômas…
Dans le long métrage vidéo présenté comme dans les images exposées, on suit une jeune femme à la recherche de sa sœur jumelle, supposée disparue, dans les univers les plus interlopes de la capitale dens les années trente.
Rose, c’est donc Paris.
Mais on peut entendre aussi ce « Rose, c’est Paris », hommage au Rrose Sélavy de Duchamp, comme dans l'un de ces jeux de mots chers à Breton et aux siens : « Roses séparées » ou encore « Rose, c’est pareil ».
Assistons-nous réellement à une recherche ou bien au fond, n’y a-t-il qu’une seule et même femme qui revêt deux rôles pour mieux explorer son monde fantasmatique ?
Les décors de cette enquête en treize épisodes, les lieux de cet érotisme sulfureux empli de rencontres avec des personnages oniriques semblables à la « Monna Lisa du métro » vont des plus connus de Paris tel le Dôme de l’Observatoire aux plus inattendus comme les réserves des magasins de la BNF.
Eros et Thanatos se croisent sans cesse dans cette « histoire » tout comme le font dans son « générique » des inconnus recrutés au hasard, des modèles photographiques choisis sur casting et des personnalités célèbres (Jean-Pierre Kalfon que l’on peut voir plus haut dans une « réinterprétation » d’une scène de « Belle de Jour » de Bunuel, Monica Bellucci en Gala Dali et tant d’autres)…
Si les « fétiches » du Surréalisme trouvent toute leur place (les objets détournés de leur usage se retrouvent à de nombreuses reprises comme dans ce corps assassiné d’un coup de Tour Eiffel pour touristes), un hommage au film « noir » est aussi lisible en filigrane.
Esthétiquement parfaite, cette chasse au fantôme ou au fantasme se révèle finalement un pur moment de magie et de trouble sensuel que l’on ne peut prétendre (dans mon cas) devoir seulement aux quelques photographies se référant strictement au BDSM.
Il y a autre chose de plus important.
C’est bien l’esprit du monde parisien surréaliste de la grande époque qui revit sous nos yeux enchantés, restitué vivant tant dans le film que dans les images photographiques.
Rien que pour ça, ce détour par le site Richelieu s’avère une visite indispensable avant la mi-juillet.
Bettina Rheims qui se définit comme une « photographe de la chair des femmes » et Serge Bramly ont réussi leur…. « pari rose » en noir et blanc.
Et personne n'en sera déçu…
Thursday 20 May 2010 à 02h33
par AURORA
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