"la journée de la jupe" un film de Jean-Paul Lilienfeld avec Isabelle Adjani 2009 AURORAWEBLOG.

Affiche du film « La journée de la jupe » de Jean-Paul Lilienfeld.

 
 
 
Hier soir, je suis restée silencieuse.
Quelques heures après avoir écrit que l’on ne pouvait publier une vignette humoristique sur la soumise dans le BDSM car la société le considérerait comme une image dégradante de la femme, je me faisais rattraper (probablement avec beaucoup de retard) par la polémique autour du rappeur OrelSan.
 
Alors que celui-ci s’apprête à passer au Printemps de Bourges, on découvre qu’il a, dans son répertoire, une lamentable chanson (qu’il n’y chantera pas) dont les paroles sont donc désignées depuis quelques jours, au travers de la blogosphère mais aussi par des représentants politiques de toutes tendances confondues, comme « une incitation à la violence contre les femmes ».
 
Je pose ce soir quelques phrases seulement ici à ce sujet.
 
Commencer bien sûr par affirmer une fois de plus que ce n’est pas dans la relation BDSM, rapport librement consenti et actif des deux côtés, que l’on peut trouver une quelconque « violence faite aux femmes ». Ce n’est pas sous cet angle que je me sens concernée.
 
Continuer surtout en m’interrogeant sur le buzz fait autour de cette « chanson » et notamment de sa vidéo : depuis qu’à la demande de la Ministre de la Culture (qui avait souhaité la voir disparaître des sites de partage) le clip a été mis en accès limité aux adultes inscrits, je serais curieuse de savoir combien d’abonnements ont subitement vu le jour sur Youtube ou Dailymotion.
 
Je ne suis pas non plus certaine que le fait de publier les paroles de ce déplorable morceau (infiniment misogyne et violent, en effet) sur nos blogs comme beaucoup le font, même en le condamnant, ne lui fasse pas une publicité qu’il ne mérite pas.
 
Ce titre ne fait d’ailleurs pas partie de son album (sa maison de disques ne semble pas avoir voulu courir le risque de lui laisser graver son agressive litanie)
Pour finir, cet OrelSan va devenir pour un temps soit le bouc émissaire de tous les abus faits aux femmes, soit un emblème pour tous les défenseurs de la liberté d’expression (c’est déjà commencé sur les commentaires de « Libé »), toutes choses qui dépassent sa personne.
 
En surfant sur le Web, j’ai découvert que ce rappeur n’était pas « mal né » et qu’il passe pour -depuis qu’il a sorti un disque il y a quelques mois- le représentant du « vide moral » de la génération des actuels lycéens (comble de l’ironie, il a eu les honneurs du magazine « Elle » la semaine passée où il a été défini comme « un regard unique qui clame aussi que le rap français, enfin, relève la tête » !!!).
 
De deux choses l’une, soit il a fait un coup de poker en visant volontairement le scandale afin de se faire connaître, soit il écrit réellement sur quelque chose qu’il vit, voit ou entend autour de lui.
C’est alors l’éternelle histoire de « la poule et de l’œuf »…
 
Dans le dernier cas, il n’a rien inventé et le stigmatiser n’est que de très peu d’intérêt, sinon de se donner bonne conscience (mais il est vrai que notre société excelle dans cet exercice).
Ce qu’il faut combattre, ce sont les raisons sociales et culturelles qui font que -pour une classe d’âge qui concerne les très jeunes- les femmes peuvent être traitées ainsi de « sale pute » ou menacées de se faire « marie-trintigner » puisque OrelSan a déjà une autre chanson -non enregistrée non plus mais gratinée elle aussi du point de vue « sexisme »- à son actif.
 
A ce titre, je ne sais pas ce qui est le plus scandaleux : la présence du minable rappeur au Printemps de Bourges ou le fait que l’excellent film de Jean-Paul Lilienfeld avec Isabelle Adjani, « La journée de la jupe » (qui traite aussi de cette question), sorti mercredi dernier, ne soit distribué que dans 54 salles en France…