Le BDSM à la mode dans les magazines La fessée, jeu à la mode article de la revue "Psycho et Sexo" No 4, février-mars 2009 AURORAWEBLOG.

Scan Photo © Magazine « Psycho et Sexo » - No 4 - février-mars 2009.

 
 
 
C’est la suite d’hier soir où j’essayais de montrer que le code BDSM est à la mode dans la mode (fashion).
 
Il est aussi à la mode par petites touches dans la mode sexo (celle des pratiques sexuelles).
Parce que celle-ci existe. Ce sont encore les magazines qui l’édictent.
 
« Psycho et Sexo », jeune revue (elle en est à son quatrième numéro), met Sophie Marceau sur sa couverture rose, nous  conseille les motifs floraux pour notre garde-robe de printemps, nous indique comment cohabiter avec « Lui et sa Wii » et enfin nous informe sur « La fessée, le jeu à la mode ».
 
Joliment illustré (mais oui !), l’article en question a tout du galimatias « psycho-sexo » de pacotille (on ne pouvait pas attendre mieux d’un magazine qui porte un tel titre) et recycle les poncifs les plus é(cul)és.
 
La fessée, le jeu à la mode, est « un fantasme directement issu de la libido enfantine » (pourtant, moi, je n’ai jamais été fessée, pas plus que menacée de l’être et n’ai jamais assisté à une fessée lorsque j’étais enfant), elle « se révèle être un jeu plus ludique que réellement proche des rites sadomasochistes auxquels on l’associe souvent, tout en y appartenant quand même par certains aspects. Bien sûr, ceux-ci sont assez proches et parfois complémentaires puisque la fessée relèvent des rites sadomasochistes comme partie intégrante de l’éducation d’un(e)  soumis (e) » (on attribuera les pléonasmes et répétitions à l’auteur(e) de l’article, Rose Etienne et, en bleu,  la faute [d’orthographe] au typographe… Tiens, ça sonne comme du Boby Lapointe !).
 
Ça continue comme ça sur six pages, avec interview du psychiatre « commis d’office », témoignages de receveurs/ses et de donneurs/ses, conseils divers sur le matériel  (un vrai catalogue sans aucun oubli) et les positions, une bibliographie concertée.  
 
Ça s’achève malgré tout sur une légère mise en garde : «Des facettes multiples forment une personne et c’est chacune de ces faces cachées ou visibles que l’on présente selon les circonstances et le plaisir que l’on en tire. D’où la nécessité de bien circonscrire ces jeux à des moments précis hors de tout jugement. »
 
Mais pas hors de tout jugement de ce journal, c'est sûr!
 
En fait, tout le reportage sous des dehors « décomplexés » (comme la droite sarkozienne) est moralisateur car il revient sans cesse sur le fait que la fessée est « aussi directement issue des troubles  libidinaux de la petite enfance où l’on recevait cette correction suite à une bêtise découverte par un précepteur peu soucieux des méthodes modernes d’éducation » (celle-là, il fallait oser l’écrire ! Avec ce « on », beau pronom indéfini, comme si nous avions toutes/tous joui -si j'ose dire- d’un précepteur à domicile…).
 
Le comble, c’est qu’alors que je pense que la fessée est bien un moment d’érotisme particulier qui n’implique pas forcément une « adhésion » à d’autres pratiques BDSM ou SM (il peut y avoir dans un couple des fessées câlines, des fessées mutines, des fessées tendresse) et que, par ailleurs, un certain nombre de pratiquants BDSM disent -quand on en discute en « live »- aimer la donner ou la recevoir à (ou par) mains nues, ce magazine l’envisage sous la forme de scenarii avec force instruments, déguisements et jeux de rôles qui sont, eux, typiques d’un rituel BDSM très poussé ou d’un fétichisme exacerbé.
 
Exactement le contraire de ce qu’il tente de démontrer tout au long de son « discours ».
Mais il est vrai que le discours n’est pas clair et qu’il part dans tous les sens, du « Dessine-moi une fessée » ou  encore « Punis-moi » au « De la douleur dans la douceur » en passant par « La fessée fait peut-être mal à l’orgueil »…
 
On relève en tout état de cause une véritable « fixette » sur les tenues : « l’écolière ou l’écolier, l’infirmière, la bonne, le maître (costume, blouse) ou pour les plus égrillards, le prêtre ».
La figure du prêtre est tellement prisée par l’auteur qu’elle y revient dans le mobilier adéquat à la fessée: si elle nous recommande la chaise ou le fauteuil, elle nous exhorte aussi à « dégoter un prie-dieu » (Gaffe à Benoît XVI !).
 
J’ai gardé le meilleur pour la fin car j’ai tout de même appris quelque chose (si, si !).
Je connaissais -dans le BDSM- les dominatrices professionnelles, les « Maîtres » chez qui les maris-concubins-copains amènent leur femme/concubine/copine (comme la chèvre au bouc) se faire dominer (et non, je ne citerai pas le nom du plus célèbre d’entre eux, clin d’œil à Idalie !).
 
Mais j’ignorais qu’il y avait des « spanking masters ».
Lisez comme c’est romantique et sensuel  (là, je cite tout le paragraphe) :
 
« Il suffit de surfer sur Internet pour trouver l’adresse d’un club, d’une association ou d’un maître fesseur indépendant (Mazette, indépendant !). Celui-ci vous reçoit dans un lieu dédié à sa pratique. Généralement les femmes ne s’y rendent pas seules mais en couple, pour être filmées par un compagnon un peu voyeur. 
Préparez votre histoire, réelle ou imaginaire, expliquant pourquoi vous méritez une légère punition (les fessées sont rarement brutales, sauf demande précise).
Après une rapide présentation de votre situation (sociale ?), et la définition commune du nombre de fessées que vous recevrez, le « spanking master » vous étend sur ses genoux, déculottée. Vous décompterez les claques de conserve sous l’œil égrillard (décidément, cet adjectif plaît à Rose Etienne ou à Etienne Rose, qui sait ?) de votre conjoint qui peut fixer sur pellicule si l’on peut dire, en ces temps de caméscopes numériques, votre petit châtiment.
Un film à conserver pour vos soirées ou une idée de cadeau (Joyeux Noël, Tante Ursule !) ».
 
Et il est où, l’érotisme dans tout ça ? Avec des pellicules lui aussi, sûrement !
 
Incrédule, j’ai voulu, pour les besoins de ce blog, payer de ma personne (en temps uniquement, je vous rassure) et tester.
Google étant mon ami, j’ai alors cherché sur Internet une association ou bien une adresse de « spanking master indépendant ».
Il n’y en a pas, contrairement à ce qu’affirme Rose Etienne.
 
Foutage de gueule…
 
En revanche, je ne doute pas un seul instant qu’en passant par l’entremise d’un chat BDSM, on trouve un Dom en mal de connexions qui se dévoue dans le quart d’heure et qui soit tout heureux de se découvrir « spanking master »…
 
Bon.
Il vaut mieux rire de tout cela.
Mais comme la fessée est tout de même considérée comme du domaine réservé au code BDSM par la plupart des gens, nous voici une fois de plus ridi(cul)isés grâce à la presse.
 
Et ça dure depuis l’an 2000 et les premiers articles du même style sur « Cosmopolitan » !
 
Si la fessée est, aux dires de Rose Etienne, un « processus d’infantilisation », c’est nous qui nous percevons comme constamment infantilisés -limite débiles- par le code mode des journaux.
 
Nous sommes bien à la mode. 
Mais dans quel état !
Souhaitant seulement, pour finir, qu’on nous oublie un peu, que nous ne soyons pas toujours les marronniers des jours de bouclage, quand il faut pimenter le mag' d’un zest de « subversion »…
 
« Savez-vous fessez mes « joues »
A la mode, à la mode,
Savez-vous fessez tout doux
A la mode et sans tabou ? ».