Geisha "Diaphane", une photo du portfolio d'Iris Sullivan "Clair-obscur à Kyoto".

Geisha "Ombre", une photo de Iris Sullivan dans le portfolio "Clair-obscur à Kyoto".

Scans de photos © Iris Sullivan et « Le Monde 2 No 255 ».

 
 
De toutes ces années passées à fréquenter des sites ou forums BDSM en France comme en Italie, j’ai retenu l’attraction que les geishas exercent sur les soumises.
Il n’est qu’à lire les pseudonymes des inscrites.
Je me souviens d’une « Femme-Geisha » en ligne il y a des années de ça, d’une grande quantité de « Sayuri », lorsque sortit le film d’après le roman d’Arthur Golden, et aujourd’hui encore d’innombrables « Maiko », « Geiko » et même d’un soumis homosexuel qui se fait appeler « Gaysha »…
 
Quand l’on examine leurs profils, on constate que cette attirance pour le personnage de la geisha signifie sur notre continent une évidente marque de désir de renoncer à toute volonté personnelle pour n’être plus qu’une « apparence » au service d’un « Maître »…
Que cette interprétation occidentale soit la bonne ou non, je ne saurais en être juge.
Elle l’est certainement pour qui la vit ainsi même si la geisha est toute autre chose au Japon et qu’il n’est de véritables « geiko » que japonaises…
 
Curieusement, je possède aussi ce fantasme mais chez moi, il revêt la forme d’un « phantasme », c'est-à-dire d’une image pure, d’une intangibilité complète…
Et ce « phantasme », je ne le relie même pas vraiment à « mon » BDSM.
C’est encore autre chose.
La geisha, à mon sens, c’est la femme faite art, musicienne, danseuse, et maîtresse incontestée des cérémonies alors qu’elle n’en semble que l’exécutrice : cérémonie du thé, du saké et des « ikebana », bouquets savamment arrangés…
Maisons particulières, soirées sous le sceau du secret…
Tant d’histoires à imaginer… que j’aurais -peut-être- voulu vivre …dans une autre vie !
 
« Geisha » pour moi est synonyme de calme, de lenteur, de temps arrêté, de siècles qui perdurent…
Un raffinement, une volupté qui ne se conçoivent pas dans notre monde d'instants hâchés, zappés...
Et surtout une forme toute singulière de la beauté, spectaculairement exacerbée.
 
J’ai voulu partager avec vous ce « phantasme » si bien illustré dans un portfolio de la photographe Iris Sullivan paru cette semaine dans « Le Monde 2 » : « Clair-Obscur à Kyoto » et dont je vous montre ici deux clichés.
Vers où, vers qui, vers quoi, leurs pas portent-ils ces femmes?
 
Je m’en voudrais de faire trop de phrases, d’expliquer mon ressenti par trop de mots, je préfère vous laisser avec ces images, leurs couleurs, leur flou.
Vous laisser vous raconter sur celles-ci le « phantasme » qu’il vous plaira.
 
Peut-être aura-t-il, comme le mien, la fascinante consistance ouvragée des kimonos et se dépliera-t-il alors pour se déployer en mille formes, mille déclinaisons, mille « Répétitions tout près du sommeil exigeant » comme l’écrivait Eluard dans « Corps mémorable »…
 
 
 
 
 
 
PS : Et si vous voulez lire un beau texte sur « la texture de la soie », allez poser vos yeux sur celui que « Troll » m’a offert dans les commentaires de mon avant-dernière note…