Aldo Moro (1978-2008): Une Tragédie Italienne (4).

Plus on entre dans les détails et les arcanes barbouzardes de cette épouvantable histoire, plus on est obligé de se dire qu’il y a dans ces délires politiques (et pour tout dire cette paranoia) une matière romanesque de première grandeur, si j’ose m’exprimer ainsi. Il n’y a sans doute eu en France que l’affaire Ben Barka pour lier avec la même intensité les services secrets, l’extrême-droite, les milieux affairistes, les polices parallèles et la bonne vieille pègre. Tout ceci a débouché chez nous sur une école dite du « néo-polar » avec des textes extrêmement sanglants, politiques et brutaux -- je pense en particulier à « L’Affaire N’Gustro » d’un écrivain que j’apprécie énormément, Jean-Patrick Manchette, dont le journal, hélas dans une version épurée, sort ces jours-ci en librairie.
Peut-on dire de la même manière que la littérature italienne a pu se nourrir de « ces temps déraisonnables » que furent les « années de plomb » ? Il y a des « consciences » (Antonio Tabucchi, grand défenseur des roms, et le pauvre homme va avoir fort à faire), un mystique politique (Erri de Luca, magnifique écrivain), et j’en oublie sans doute. Quant au fait que Cesare Battisti, pour en revenir à lui, se soit mis à écrire des romans policiers, ce n’est sans doute pas seulement dû aux encouragements de Fred Vargas : le polar n’est-il pas, si l’on y réfléchit bien, le typer de roman le plus apte à proposer, par le biais de la fiction, une réflexion sur le politique sans pour autant tomber dans le prêchi-prêcha ?

Certains documents (photos, lettres...) peuvent "réapparaître" un jour, tant il y a foison de situations et de protagonistes.

Magnifique reconstruction des faits, Aurora. Dommage que le plaisir de la lecture soit accompagné (il le faut bien) d'un malaise à se demander qui a dirigé (et dirige encore?) dans l'ombre les démocraties qui sont les nôtres.
Una historia interminable...
Ivan

Merci, chers Idalie, Joël et Ivan pour votre fidélité et l'intérêt que vous portez à cette série que d'aucuns ont abandonnée en cours de route car trop rébarbartive sans doute....

Vos commentaires me sont tous précieux: vous savez poser les bonnes questions.
Je mets en ligne ce soir l'avant-dernière note et me voici près de la fin (du moins de la fin que j'avais prévue...)...
Comme le dit Idalie, j'ai parfois l'impression de donner le synopsis d'un polar.
Comme le dit Joël, j'espère encore que quelque chose surgisse, là, pendant que je publie (ah! ces archives secrètes qui vont être ouvertes le 25 mai!)
Et enfin, comme le dit Ivan, que d'ombres derrière nos soi-disant démocraties.
Une histoire interminable, oui…
Hélas.

passionnant reportage
synthèse remarquable
qui me rapproche d'études faites au sujet de factions armées, et d'attentats perpétrés dans les lieux où je vis ou ai vécu...
histoires interminables, en effet!