« Il est interdit de faire deux fois la même chose ».
Alain Bashung.

 

 

Pour C. (il se reconnaîtra), sans lequel la « Seconde Epoque » de l’ « AuroraWeblog » n’aurait jamais vu le jour….

 
 
Hier, le 13 janvier, cela faisait un mois.
Un mois tout juste depuis le dimanche de l’adieu.
Ce fut une rude journée. Pourquoi le cacher ?
Il m’en a fallu, justement, des cachets pour arriver à présenter l’apparence d’un visage serein à mon fils.
D’autant plus que j’avais fixé cette date pour jouer comme en un pile ou face sur ces vingt-quatre heures la décision de continuer ou non ce blog.
Je n’aurai en aucun cas pu écrire ce texte hier.
 
Le temps a donc passé depuis un mois sans rien changer.
La vie n’offrira pas de session de rattrapage, les lauriers sont coupés et les destinées définitivement disjointes.
 
Or donc, pourquoi reprendre alors ce blog et le reprendre ici, sans même avoir la « pudeur » de m’en aller placer mes mots ailleurs comme le font tous les autres dans un cas semblable au mien ?
Si, pratiquement, toutes les personnes à qui j’ai manifesté mon intention de « reprise » étaient « pour », toutes - sauf une - m’ont cependant conseillé de laisser celui-ci tel qu’en lui-même avec une « belle dernière page », comme « un tout ».
Bref, le mausolée digne d’un amour fou.
 
Un mausolée, c’est très beau mais c’est bon pour les morts.
Moi, je suis vivante.
Et la vie doit vivre.
 
Oui, l’histoire que vous avez lue ici était exceptionnelle, si exceptionnelle que je peine encore moi-même à croire qu’elle ait pu se terminer.
Oui, j’ai parfaitement conscience d’avoir eu une chance inouïe de vivre cette histoire.
Oui, je nous ai crus inoxydables, intouchables, parfaits, tant nous étions des « semblables »…
Aussi, bercée dans mes certitudes de bonheur éternel, je n’ai rien vu venir.
 
Durant tout ce dernier mois, j’ai tenu sur un cahier d’écolière, au jour le jour, un journal intime.
Ecrire, écrire des choses profondes mais aussi les plus insignifiantes banalités du quotidien. Ecrire pour ne pas sombrer.
Je pensais jusqu’à hier le publier ici car je croyais que montrer la souffrance nue, la souffrance crue pourrait un jour servir à d’autres.
Mais je me rends compte que dans cette minutieuse récolte d’heures, de minutes, de secondes souvent perdues apparaissent des noms (les vôtres parfois si nous avons correspondu) qui n’ont pas - même sous anonymat total - à figurer en ces lieux.
« Journal intime » porte bien son nom.
Ce n’est pas un blog. C’est…intime !
 
En restent cependant deux choses dont j’entends vous parler.
La première est que j’ai toujours écrit ici que Marden était un homme bon.
Même si aujourd’hui il s’est muré à mon égard dans une détestation complète et un leitmotiv « Plus rien. Pas d’amitié. Plus rien » qui me paraît absurde (je n’ai jamais vu de couples - même dans les divorces les plus « saignants » auxquels j’ai assisté - finir ainsi), il n’empêche que je continue à penser que c’est un homme bon.
Dans une séparation, les torts sont toujours partagés : Fifty/Fifty.
 
Ce couple aurait pu être sauvé.
C’est ce que me révèlent mes traces dans le « journal intime ».
En mars 2008, j’ai pris la plus incroyable des  premières claques.
Si inattendue qu’elle m’a sonnée.
Nous n’avons pas su, ni l’un ni l’autre, lorsque ces faits sont survenus agir comme il aurait fallu.
 
Moi, je n’ai rien analysé de ce qui remontait de cette embrouille initiale.
Au lieu de réfléchir sainement, à tête reposée, au passé, au futur, aux décisions salutaires que j’aurais encore pu prendre à ce moment-là, je n’ai fait que me battre tel un animal à terre touché d'une flèche, de façon désordonnée et « matériellement » (de façon matérialiste) contre ce qui était le présent d’alors.
Lui ne m’a pas fourni d’explications mais des éléments qui se contredisaient l’un l’autre, le second annulant le premier et ainsi de suite.
 
Comme je ne m’étais jamais préparée à ce type d’événements, comme je les pensais impossibles entre nous, comme ils se sont hélas reproduits sous des formes différentes au fil des mois qui ont suivi, je n’ai plus fait qu’être sur la défensive et dans l'immobilisme.
Je suis devenue triste et pessimiste là où j’aurais dû être fourmillante de propositions et de projets.
Mais j’avais perdu - il me faut le dire - la confiance essentielle et - du même coup - perdu totalement mon « moteur ».
 
Lui n’a pas su la restaurer, sans doute n’a-t-il pas vu que tout cela me cueillait en plein dans une crise professionnelle et personnelle aussi en même temps (je vivais très mal les cinq kilos qui s’étaient installés insidieusement sur moi et étaient devenus inamovibles) et que, toutes ces choses se potentialisant, j’étais mal en point, bien plus mal en point qu’il ne le sentait, un homme n’étant malheureusement jamais capable de se mettre à la place d’une femme pour ce qui concerne les « blessures » physiques qui retentissent sur l’âme.
 
De petits bonheurs parfois encore en disputes fréquentes, nous sommes tout doucement allés jusqu’au gouffre.
Et je n’ai pas vu venir celui-ci en lui non plus.
A nouveau,  je n’ai pas « agi » comme il l’aurait fallu.
Je m’accrochais, je me suis accrochée jusqu’à la dernière seconde à l’espoir d’un « demain » semblable à « avant-hier »…
Quand c’est arrivé, j’ai pensé, j’ai même souhaité en mourir de ne pas vouloir survivre à mon bel amour.
 
Voilà la première chose qui ressort de ce « journal intime ».
Pas de coupable, pas d’ « affreux ».
Fifty/Fifty…
 
La seconde est une anecdote qui explique « le retour au blog ».
Vous êtes quelques-uns/unes à la connaître.
 
Au milieu du gué de ce mois, j’ai dû être hospitalisée durant 24 heures à la suite d’un malaise.
En plein pendant les fêtes, mon fils et moi étions seuls en début de soirée lorsque j’ai été saisie de très violentes douleurs dans le ventre.
Nous avons attendu quelques heures mais la souffrance montait. SOS Médecins n’étant pas disponible, c’est finalement le SAMU qui m’a amenée (qui nous a amenés) aux Urgences.
 
On me passe tous les examens possibles : rien. Mais la douleur qui s’amplifie.
Résistant à tout antalgique.
Au milieu de la nuit, une contraction affreuse et là, tout mon corps se perd soudain en une hémorragie cataclysmique qui ne cesse pas malgré les piqûres.
Mon sang coule autour de moi, me trempe, baigne le sol des Urgences.
Moi qui voulais mourir, je me mets brutalement à avoir peur de la mort.
Une peur terrifiante.
 
A l’aube, les internes réveillent le Professeur.
Il vient très vite, indique comment combiner deux produits. En quelques heures, le flux va alors s’apaiser.
Comme nous étions encore dans la période festive, on nous a laissés sortir, mon enfant et moi, le lendemain vers 16 heures en me disant « Prenez soin de vous et de lui aussi, Madame… ».
J’ai compris le message.
J’ai choisi la vie.
 
Il faut que je « dure » le plus possible pour mon fils qui est très loin d’être tiré d’affaire.
Et il faut que je vive pour moi aussi.
Une histoire d’amour qui finit, ce n’est pas non plus une condamnation à mort.
J’ai perdu huit kilos en quatre semaines.
C’est très joli, oui, j’ai maintenant retrouvé ma ligne haricot d’il y a dix ans, oui, mais ça suffit.
Je dois effectivement « prendre soin de moi ».
 
Et la reprise de ce blog en fait partie.
Ce blog. Le mien. Pas un autre.
Pas un blog de fuite pour laisser ici la beauté du mausolée.
 
Il n’est pas de vie sans produire.
Sans produire pour offrir aux autres.
Je ne parle pas de travail, de profession, mais de cadeau.
 
Au début, tout ce que je vais écrire va vous paraître moins bon, moins beau, moins « réel » car vous sentirez le manque de la flamme de l’amour partagé qui régna sur cet espace.
Puis vous vous habituerez.
 
La vie continue.
Les auteurs publient, les peintres s’exposent ou peignent, le BDSM existe et mérite qu’on « pense » sur lui et quant à moi, je suis une blogueuse, j’écris des textes que je donne à lire.
 
Je suis ce que j’ai toujours été. A quelques détails près.
Je vais vivre comme j’ai toujours vécu dans ces pages. Avec quelques nuances.
Semblable mais aussi tout à fait différente.
Lisez bien la phrase de Bashung que j'ai placée en exergue de cette note...
 
Je serai peut-être (je ne sais pas encore) aussi un peu moins régulièrement présente ici car « prendre soin de moi », c’est  continuer ce « journal intime » qui me révèle tant de choses et puis, je « prends soin de moi » aussi d’une autre façon, autrement et ailleurs…
 
Vous qui continuerez à me lire en cette « seconde époque », gardez de Marden et de moi une belle image.
Marden le mérite et le couple que nous avons formé pendant plus de sept ans aussi.
 
Pour ma part, ces images, je ne les cherche pas en ce moment. J’ai plutôt tendance à les chasser lorsqu’elles me viennent à l’esprit.
 
Je ne puis pourtant échapper à l’une d’entre elles qui est la seule qui me poursuit inexorablement : nous deux sur la route de Gordes et Marden qui entonne à tue-tête « La Camarde qui ne m’a jamais pardonné… » pour me provoquer tant il sait que je ne supporte même pas d’évoquer l’idée de sa mort à lui, moi qui le houspille en lui tirant le bras, pour finir par chanter tous les deux l’entière rengaine en riant aux éclats...
 
Ce fut nous.
Nous vivants.
Ce « nous » n’est plus.
Mais il n'a pas besoin d'un mausolée.
 
Il « vous » reste donc moi.
Je reviens vers vous. Pour vous et pour moi.
Dans « ma » maison.
 
Marden a été le grand amour de ma vie, tout comme E. avait été l’amour romantique de mes vingt ans.
Deux seuls vrais amours pour une vie, c’est bien peu.
 
Je veux croire à l’amour, je veux croire à la vie.
J’espère bien, malgré mon âge, donner raison au dicton : « Jamais deux sans trois ».
 
Je me souhaite, à l’heure où je vous fixe de nouveaux rendez-vous ici, de rencontrer une troisième fois un homme que j’aimerai et qui m’aimera…