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BDSM et Littérature: Pierre Bourgeade (1927-2009) s'est éteint hier.

 

La disparition de Pierre Bourgeade 7 novembre 1927 - 12 mars 2009 AURORAWEBLOG.

Pierre Bourgeade (1927 - 2009) - Photo d’archives.

 
 
Pierre Bourgeade qui vient de nous quitter hier 12 mars, fut un homme d’art prolifique : à la fois romancier, dramaturge, poète mais encore auteur de romans noirs, journaliste chroniqueur, préfacier, il s’essaya aussi avec bonheur à la photographie en noir et blanc, marchant sur les traces de deux géants qui figurèrent parmi ses grands amis : Pierre Molinier et Man Ray.
 
Bourgeade est curieusement tout à la fois très et peu connu de nos jours.
C’est dommage que les générations actuelles ignorent tout de cette plume excellente qui mena de front deux types d’écrits : ceux avec un caractère engagé et ceux qui se teintaient d’un érotisme sulfureux, placé sous le signe de Bataille et de Sade.
Références intellectuelles qu’il transcendait par son amour profond des femmes et les interrogations qu’il n’en finissait jamais de se poser (et de nous poser) sur la nature humaine.
 
Ecrivain engagé, il aborda le sujet de la judéité (« Les âmes juives » - 1998) tout comme celui de la torture durant la Guerre d’Algérie (« Les serpents » -1983).
 
Ecrivain sans tabous, il plaça de même la question de la sexualité et du libertinage sous l’aspect de la quête de soi-même (« Eros mécanique » (nouvelles) - 1995).
 
Les adeptes du BDSM ne peuvent manquer de l’apprécier tant la thématique sadomasochiste fut l’une de celles qu’il explora et qui lui valut ce profil d’auteur scandaleux.
Intéressé par la dualité Eros-Thanatos, on se souviendra de ses écrits à quatre mains avec Marie L. (« L’autre face » - 2000) -et de ses préfaces pour celle-ci- mais aussi du sauvage et superbe « Ramatuelle » paru en 2007 (à mon sens l’un de ses deux plus beaux  livres avec « Warum »).
 
S’il aimait sonder l’âme et ses noirceurs comme sa lumière, c’était pour le faire avec toute la compassion du monde.
L’acte d’écrire était pour lui un moyen de réconcilier le profane et le sacré.
 
Et à la fin, quel que soit son sujet, il restait toujours pour lui avant tout la passion de l’écriture…du corps et de l'écriture...du corps même de l'écriture.
 
Hommage.
 
 
« Je me lançais alors dans mon sport favori qui était d'écrire la première phrase inoubliable d'un roman... d'un poème... mots qui s'inscriraient à jamais dans la mémoire des hommes et pour cause... puisqu'ils auraient pris naissance au plus profond de l'être... au plus creux... au plus chaud... comme si le sexe avait été le seul moyen de connaissance... et le seul moyen de l'exprimer!...
Parfois... de l'index sur ce dos assez long [...] il m'arrivait de tracer... du bout de l'ongle... comme je l'aurais fait sur une cire... un mot-clé que j'aurais eu peur d'oublier... un peu plus tard... cela dans ma tête devenue confuse... parce que je sentais que les choses étaient en train de m'échapper... que j'étais sur le point de perdre conscience... et que dans un instant... très vite... maintenant... ce ne serait plus moi... mais uniquement ce qui allait se passer... ce qui se passait entre mon sexe et le sien qui compterait... qui comptait... qui remplaçait tout... qui occupait tout... qui emportait tout... ».
 
Pierre Bourgeade - « Warum » - Editions Tristram - 1999 - (réédition poche chez Pocket).
 
 
 
 
 
 
 
AURORA | 3 | 3/13/2009
Merci, Chère Aurora, pour cette note très juste, restituant le paysage mental de Pierre.
Je l'a rencontré il y a une dizaine d'années lorsque je préparais la Rétrospective Pierre Molinier (avant que l'équipe "culturelle" de Juppé ne me chasse de ce projet). Nous avons immédiatement sympathisé et au fil du temps nous l'amitié nous a liés.
Au moment de la publication d'"Eaux-fortes" par Marie L., j'ai pris soin de dire à MES DEUX AMIS que je continuerai de les voirs et que je ne me priverai pas de l'un des deux pour prendre le parti de l'autre. L'un et l'autre ont accepté que je maintienne et développe des relations chaleureuses avec eux d'eux, malgré ce qui les avait séparés. Aujourd'hui, Marie L. est ma petite soeur spirituelle. Pierre était un "copain". J'adorais son rire. Il a toujours trouvé mes amies très belles et me taquinait pour mon attirance pour un certain type de femme. Il a été un des premiers lecteurs du livre "Un Amour sans merci" d'Alexandre Gamberra, qu'il a ldévoré en une nuit et dans la fièvre. Nous allions dans une brasserie près de chez lui, où il avait ses habitudes et où il prenait invariablement des saucisses avec des frites. Depuis l'été, il avait quitté Paris pour Loches. Nous avons échangé beaucoup de lettres et de cartes. Il espérait que Gamberra veuille continuer d'écrire et moi, je constatais, de missive en missive, la dégradation de son écriture. Il savait. Depuis le début. Dans deux ou trois lettres, cet automne, il m'a parlé de cette mort qui le dévorait avec des accents terribles c'est-à-dire humains. Je déteste ce "crabe" qui l'a emporté...
jmdevesa | 3/13/2009
je ne connais pas cet auteur
mais ces phrases que tu as choisis sont fortes
et j'aime particulièrement les dernières
jeanne | 3/14/2009
sans doute un personne très profonde et très humaine

Aurora, j'ai fait ma "prouesse du jour!" je retourne ma tanière, je ne vois plus et j'ai la tête qui tourne
fleurdatlas | 3/16/2009
KarmaOS