Jean Ferrat (26 décembre 1930 - 13 mars 2010).

Merci Aurora. Je suis presque heureux, ce matin, d'être le premier à vous remercier de votre hommage à cet homme irréductiblement libre et digne. Merci d'avoir évoqué pour nous vos souvenirs d'enfance, quand la petite fille de la montagne belle croisait dans sa cuisine le poète. Le hasard fait donc qu'il fut autrefois votre voisin. Je l'ignorais évidemment en vous écrivant samedi soir mais il est des coïncidences dont on aimeraient croire qu'elles n'en sont point. Encore merci...

dont on aimerait, pardon...

"Jeunes gens le temps est devant vous comme un cheval échappé
Qui le saisit à la crinière entre ses genoux qui le dompte
N'entend désormais que le bruit des fers de la bête qu'il monte
Trop à ce combat nouveau pour songer au bout de l'équipée..."

Certes, le chanteur, musicien et poète m'a vraiment ému, et cela ne date pas d'hier.
Heureusement qu'il fut aussi capable de prendre ses distances avec le stalinisme rampant du PCF.
Car comment oublier, lorsque l'on vient d'un Est générateur de Pogroms les procès des blouses blanches, l'étouffement de l'expression d'un humanisme politique à la Dubcek par les dignes successeurs du p'tit père des peuples...
Moi je n'oublie pas et je l'ai aimé malgré quelques moments ambigus.
Que mon cousin Kanapa ai cornaqué cette crapule de Georges, passe encore, c'était une rébellion destinée à sa famille. Mais Aragon, belle plume dont Jean Ferrat a promu la poésie, tant d'autres ont tenté de nous faire tomber dans le piège de l'aveuglement.
Et Prague en 68, Budapest, Berlin...
Heureusement que Ferrat aura parfois, disons surtout vers la fin, su maintenir une nécessaire distance entre la poésie humaniste et ceux qui avaient confisqué l'outil de son expression.
En 1965 un chansonnier américain, oui je sais ce n'est pas politiquement pas correct, a montré que les bon sentiments ne sont pas vecteurs de liberté.
http://www.youtube.com/watch?v=yygMhtNQJ9M
Allons, je reste à votre disposition pour quelques éléments d'éclairage et traduction.

En ces temps où je retourne vers mes sources pour rencontrer mon enfance et mieux comprendre mes petits enfants, en ce temps où je rencontre mes premiers émois à la découverte de Jean Ferrat, chez l'une de mes jeunes tantes, j'aime lire ce que tu écris et que j'aurais voulu dire,comme tu l'as fait, je me rends et me range à tes côtés et je savoure tout ce que ta plume en a voulu tracer et retracer pour nous, pour moi

merci pour cet hommage
et merci aux autres commentateurs

On peut être en accord avec les écrits de Marx, sans pour autant s'aveugler sur les défauts et même les horreurs entretenus par certains partis ou "figures" de parti
il est difficile de critiquer sa "famille" de pensées, mais c'est davantage en connaissance de cause que du "dehors".
Jean Ferrat n'était pas plus que moi "encarté" d'où sa liberté et sa possibilité de demeurer vigilent et critique

je suis allée écouter: http://www.youtube.com/watch?v=yygMhtNQJ9M
oui avec l'apparence du folk-protest-song, on pourrait "faire passer" n'importe quoi,
imaginons une armée qui elle-même elle-même pourrait s'emparer du style "protest" pour promouvoir en chanson le bien fondé ou la légitimité de son existence et sa valeur intrinsèque: "défendre la justice et repousser les opressions!"

Ou quand la "petite histoire" rejoint la Grande.
Je vous jalouse, chère Aurora. En approchant Ferrat, il vous a transmis ses ondes et ses convictions.

" mon vieux " chanter pas daniel guichard paroles de jean ferrat !
ce soir je la relierai pour toi papa !!!

Ferrat a accompagné mon adolescence ; il a pour moi participé à la construction de l'hégémonie de la gauche (au sens gramscien) des années 70; j'ai bien évidemment connu la chanson "Nuit et brouillard" et elle aura été ma première découverte de ce qu'on appelait alors la Déportation. mais j'avoue avec une certaine honte avoir attendu la mort de Ferrat pour réaliser qu'il était le fils d'un juif russe déporté et gazé à Auschwitz en 1942. Pourtant, je l'ai souvent entendu s'exprimer sur ses engagements et combats mais la pudeur autobiographique l'avait toujours emporté. J'en aimerais encore plus sa chanson.

Merci, Jean, du fond du coeur, pour ces belles lignes....