BDSM Conte: Elle trouva un fouet…

Ah c'est bien les contes pour s'endormir... ;)
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Quand j'ai perdu le Bien-Aimé, j'ai offert ma (ou plutôt sa) cravache à une amie d'enfance, qui s'est découvert sur le tard des penchants de dominatrice. Je me suis dit que cet objet ne pourrait pas tomber en de meilleures mains. Reste à écrire le roman de cette cravache, à la première personne bien sûr....

Sur cette plage désolée, elle regardait à l’entour
La mer, un océan de douleur
Les pins, la promesse d’un fouet indompté
Le vent, la stridence de l’air déchiré
Le sable, une lente éraflure
Elle semblait confier son corps aux algues, aux rochers, dans la grâce dérobée du désir.

Un fouet déposé là comme une offrande, un talisman, la clef vers un autre monde, un ailleurs au-delà du temps. Un cadeau pour l’élue qui le trouverait… Elle frémit. Pourquoi avait-elle souhaité conserver cette armoire de la maison des étés d’enfance et rien d’autre ? Pourquoi, après toutes ces années, s’était-elle souvenue de ce meuble relégué au grenier, destiné à finir sur le bûcher d’un feu de la Saint-Jean ? Comme autrefois entre ses mains, elle se sentit soudain dépossédée, hors d’elle-même, moins désespérément seule. Veillait-on sur elle, qui ne croyait pourtant en rien ou en tout cas pas à un tel au-delà ? Quel aïeul avait brandi ce fouet ? Sur les rondeurs de quelle aïeule la lanière s’était-elle abattue, laissant sa marque rouge comme un parfum d’éternité sur la peau si douce, arrachant peut-être une plainte comme un remerciement d’exister, d’être désirable et désirée ? Les amants au fouet s’étaient à jamais envolés mais les arbres, sur la grève, lui faisaient signe. Tu souffres, toi, tu n’es pas morte, tu es vivante, la Belle, d’autres horizons t’attendent, cingle vers eux sans plus attendre, sans trop attendre. Un coup de vent dans ses cheveux, la morsure des embruns, les feuilles qui s’agitent… Elle lécha la poussière sur le cuir comme une lionne panse ses plaies ou lisse son pelage avant de partir en chasse.

Je me demande si l'Alice de votre illustration n'est pas la "fetish-model" anglaise (bien sûr...) Ariel Anderssen. Ce qui serait, je trouve, un joli clin d'oeil pour ce conte...

"Mon" fouet, je l'ai acheté à un vieux brocanteur au marché aux puces. Il est en cuir finement tressé. Il ressemble à un petit orvet. A qui a-t-il servi ? A quoi a-t-il servi ? C'est un fouet de deuxième ou troisième main... Je suis rentré chez moi. Et je l'ai étrenné... sur mon dos. On a les convictions de pape qu'on peut...

tant qu'Alice n'oublie pas que c'est elle la merveille...le crépuscule se fera vite entendre...

Lycaon, vous me laissez sans voix: je préfère nettement votre texte au mien !!!