Jean-Baptiste Del Amo, auteur d' "Une éducation libertine": une "lecture" à l'Escale du Livre de Bordeaux le dimanche 5 avril 2009.

Il est toujours troublant d'entendre un écrivain lire ses propres textes, même mal -- comme Rolin enrhumé, par exemple ! La "petite musique" de leurs textes se tresse avec celle de leur voix, et parfois, curieusement, ce n'est pas la même. C'est de cet écart que peut naître une très grande émotion...

olivier rolin ? j'aime j'aime
bon je vais de ce pas chez le libraire ...
belle journée
AURORA tu sais faire aimer ce que tu aimes...

mauvaise nuit
mais à te lire,
à partager
je sais déjà qu'il y aura quelques rayons de soleil

Aurora, y aurait-il un souterrain entre votre bibliothèque et la mienne ?

Je ne suis presque d’accord en rien avec les éloges qui entourent l’«Education libertine», j’ai même failli caler à la douzième page tant le démarrage est putride, S’il est vrai que la langue correcte et classique utilisée a su me séduire et conduire au milieu du livre, je reste redevable à l’avion de Madrid de m’avoir dispensé de la lecture d’une suite finalement ennuyeuse et assez maladroitement construite A lire des commentaires flatteurs je redoute que le seul fait d’écrire convenablement le français, en passant par les sentiers fangeux, ne soit devenu aujourd’hui le gage de talent.
Assez puissante narration, bonne langue, au réalisme parfois excessif, j’exige bien plus après Celine; c’est peut être en germe.
Mon esthétisme n’a pas trouvé son compte pour l’instant.

Je ne connais pas cet auteur. Votre article a éveillé ma curiosité. Merci.

Aurora, je n'y suis pour rien dans la barre d'émoticones ci-dessus.
Il existe un certain "état de grâce" pour certains auteurs. C'est le cas de Garcia.
Flaubert "gueulait "ses textes. Pour les éprouver.

Troll> Au début, je ne souhaitais que rendre compte de l’atmosphère d’une « lecture » : les mains fermes qui tiennent les feuillets, la voix qui s’empare des mots des autres, égale et à la fois différente selon les textes qui se succèdent, le chanteur qui accompagne et qui était aphone la veille encore, honorant son engagement après s’être médicamenté, le tout dans une lumière rougeâtre très douce.
Mais je pensais que peut-être malgré tout le tam-tam médiatique, quelques-uns ignoreraient qui était Del Amo et j’ai aussi parlé du livre.
Vos propos me confirment que plus on en parle, plus on en fait louange, plus on le dessert…

Entendez-moi bien : je comprends parfaitement que vous n’ayez pas aimé ce livre. Vous n’êtes pas le seul et s’il a eu une critique quasi-unanime dans la presse, sur les blogs, cela a été un autre son de cloche : qui y a vu un mauvais pastiche des écrivains du XVIIIème, qui y a lu une pâle copie de Suskind, qui a déploré une écriture alambiquée véritable dictionnaire de mots obsolètes, qui a été écoeuré par cette mise à nu cruelle et trop réaliste du Ventre (au sens de « fressures » justement) de Paris.
Souvent les gens insistent sur ces 100 premières pages. Trop.
Je regrette que, quant à vous, vous ne soyez pas allé jusqu’au bout du roman qui, à la lueur freudienne, explique la « chute » du héros.
Et alors, c’est comme une glace qui, en se brisant, nous renvoie soudain « Gaspard » comme un possible personnage de notre époque et non plus une doublure littéraire éventée de Rastignac.
La prostitution sordide de ceux qui montent à Paris dans l’espoir du succès et y rencontrent un mentor, cela existe. Les petits boulots avant d’en arriver là aussi…

Le style de Del Amo existe lui aussi bel et bien.
Son premier texte (la nouvelle) n’a strictement rien à voir avec « Une éducation libertine » et déborde déjà de style.
Son prochain roman n’aura rien d’historique mais le peu que j’en ai entendu a toujours une musique « en soi ».
Vous ne pouvez pas résumer cela seulement en disant préférer le Docteur Destouches ou en un « je redoute que le seul fait d’écrire convenablement le français, en passant par les sentiers fangeux, ne soit devenu aujourd’hui le gage de talent. ».
A ce compte-là, pour la première partie de votre argumentaire, moi aussi, je préfère Sade à Del Amo… Et pour la seconde, sans même relever votre « écrire correctement le français » - ce qui à mon sens serait déjà beaucoup si tous s’y mettaient parmi ceux qui publient- j’ai envie de vous citer un extrait de la « Correspondance » de Flaubert :

« Il n'y a pas en littérature de beaux sujets d'art, et qu'Yvetot donc vaut Constantinople ; et qu'en conséquence l'on peut écrire n'importe quoi aussi bien que quoi que ce soit. L'artiste doit tout élever ; il est comme une pompe, il a en lui un grand tuyau qui descend aux entrailles des choses, dans les couches profondes. Il aspire et fait jaillir au soleil en gerbes géantes ce qui était plat sous terre et qu'on ne voyait pas. ».

Enfin, Del Amo n’est pas le seul à avoir du style : Volodine en a, Claude Louis-Combet (qu’Idalie Felix m’a fait découvrir il y a deux ans) aussi et bien d’autres…
Mais à part un cénacle très intellectuel, qui les lit vraiment ?
Le beau « coup » de Del Amo, c’est d’avoir réussi à (re)populariser une écriture de qualité, fruit d’un réel travail, et non pas uniquement ce que vous désignez comme « un français correct ».
De plus et -sourire- ce n’est pas la moindre des choses, il m’a réconciliée avec les jeunes écrivains car je sais désormais qu’ils ne sont pas tous perdus dans la bouillasse de leur ego.

Ma réponse est, évidemment, formulée ici en toute amitié…Je vous le redis, je suis tout à fait sensible au fait que l’on puisse en avoir assez d’entendre des éloges sur Del Amo…

Joël> Il paraît que Del Amo se relit lui aussi à voix haute...
Et c'est une personne très simple, très conviviale, qui n'a pas du tout la "grosse tête".
Donc, le premier qui pense qu'il "se prend" pour Flaubert a droit à une fessée!

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S’il m’en fallait, je ne voudrais pas d’autre avocat !
Je crois que nous sommes assez grands enfants pour qu’affirmer une divergence d’appréciation ne constitue pas d’offense. J’en serais navré.
Mais pour être clair, oui, je n’ai pas aimé les premières pages ; et oui cette écriture élégante, ce style, a éveillé ma curiosité et m’a poussé à poursuivre la lecture afin de découvrir ce qu’elle avait à me dire., et enfin, oui, j’ai fini par m’ennuyer de portraits aux traits exagérés -‘caricatures’ ne conviendrait pas-, d’invraisemblances légèrement oniriques. J’ai donc pris mon avion en abandonnant mon livre laissant une chance à l’auteur d’être mieux apprécié.
S’il est jeune, comme tu me l’apprends, il n’a pas besoin de moi : il porte d’incontestables promesses.

moi aussi je gueule mes textes
quand je veux les éprouver!
ce qui éprouve les oreilles sensibles de mon mari

mais il rit en l'occurence
et il ne me prend que pour moi!


merci Aurora d'avoir parlé de cet auteur, de ce lieu, de cet artiste qui l'accompagnait et honnora ses engagemlents
Merci pour le rappel du Grand Théatre, de ses marches et des discussions sans fin, merci pour l'évocation des snobinards bordelais et de l'oeil qui écoute, tu ne peux savoir à quel point tu me fais plaisir

la Garonne est souvent sous le soleil! et je dois avoir quelques très belles photos ici ou là
il y a quelques années je faisais du roller sur ses berges, avant la construction du tramway, j'étais en meilleure forme qu'à présent!

fressure me fait penser par analogie à un mot typiquement bordelais et bordeluche: fraîchin
l'odeur laissée dans a vaisselle par les oeufs, les abats, le poisson
une odeur écoeurante qu'on chasse avec le vinaigre

quel délice de pouvoir entedre des textes d'auteurs par des personnes capables de les lire et d'en fair jaillir du nouveau, toujours du nouveau!

j'irai suivre le lien où l'on trouve les restes du blog de l'auteur, d'autant plus que j'y ai aperçu un texte intitulé "maison de redressement"

et en souriant je lis ceci, l'interrogation de tous ceux qui écrivent un blog où ils écrivent et où ils n'ont pratiquement aucun lecteur!
"Et puis ce blog d'ailleurs, que presque personne ne lit, à part quelques amis patients et attentionnés, à quoi sert-il ?"

Troll> Ce n'est pas "chez moi" que vous aurez jamais besoin d'un avocat...

Chère Fleur,

Tu me laisses ce soir un splendide commentaire qui permet d'en revenir au sujet initial, ce moment magique de la "lecture" en musique...
Aussi, je t'en remercie du fond du coeur!