Je ne peux qu'adhérer pleinement au contenu de cet article tant au niveau de l'analyse de Tisseron qu'à la tienne. J'irai encore plus loin, trop sans doute, en affirmant que ces sites sont une véritable école du mensonge et de l'illusion , non pas seulement pour les victimes temporaires mais surtout pour les "abonnés" qui, à force d'écluser les divers "catalogues" ne font finalement plus la différence entre le personnage fictif qu'ils se sont inventés et eux-memes. La quete de l'autre se résume à la fuite de leur identité réelle. Je m'explique. Cette identité réelle n'étant pas ou plus assez remarquable dans la "real life" , la tentation de s'en fabriquer une autre sur la toile est grande.Cette fuite sans fin n'aboutissant jamais, la quete se prolonge et se renouvelle sans cesse jusqu'à épuisement physique et psychologique de son auteur et ce avec diverses conséquences. Je crois que je peux en parler un peu car je dois l'avouer, j'ai fait un court passage(2 mois) sur ces sites en 2007. Du virtuel au réel, du reve à la réalité et à quelque trop rares exceptions près, c'est la plongée dans un univers teinté d'un misérabilisme psychologique effrayant. Personnellement, j'avais "joué" la carte de l'authenticité mais comme Tisseron l'explique, ce n'est pas la règle. Je me suis "enfui" plus d'une fois et plus souvent qu'à mon tour. Et pourtant....(perso). Informaticien de formation et de métier(mais c'est fini, ouf, passé à autre chose) et accroc à la "real life", je me suis souvent gaussé de ces nouvelles formes de "communication".Plongé dedans, sorti par chance(?), mon jugement initial en est renforcé. Mais dis-moi.., et n'y vois surtout aucune attaque(svp), Tisseron n'aborde t-il pas la "problématique" des blogs? Ou n'en n'est-ce pas une?
serge
| 8/10/2008
oui vive LVV* qu'on se touche se sente se voit et plus si......
* La Vraie Vie
jeanne
| 8/10/2008
"Par définition, rien nest vrai sur Internet" m'a fait penser à mon slogan de blog d'avant : "ici rien n'est vrai". Je me demande si cette lucidité initiale ne m'a pas permis de survivre à toutes les déceptions traversées, et d'être encore là. Je ne suis pas si sévère quant à l'illusion pour ma part : Serge a raison, c'est un système qui pose(ra) des problèmes sociétaux quant à la relation au vrai, mais je crois que l'illusion a aussi une fonction de régulation psychologique, comme les endorphines après l'effort musculaire, sauf que là l'effort est la confrontation à la réalité, or elle est traumatisante sous certains aspects. Et par ailleurs, on ne ferait pas certaines choses nécessaires sans un peu d'illusion, comme il est vrai aussi qu'on ferait moins de conneries avec moins d'illusion...
E
Q
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:)
B l o w n b l u e
| 8/10/2008
Moi quand je vais sur un site de rencontre, j'ai l'impression d'être dans un magasin. Je clique, je clique, et je met dans mon panier ce qui m'interesse (enfin je devrai parler au passé parce que je ne le fais plus). Mais bon ça ne m'a amusée qu'un temps. Les vraies belles rencontres d'internet ne sont pas sur les sites de rencontre mais dans d'autres cadres, des forums sur d'autres sujets, des jeux, etc etc. De toute façon il faut faire avec, on ne se rencontre plus sur la place du village depuis longtemps :)
Lou
| 8/10/2008
Un petit salut très vite, accaparée par un combat prenant et sans espoir contre la maladie de mon vieux père... "On ne se rencontre plus sur la place du village depuis longtemps", écrit Lou. Ni dans la rue, ni dans les cafés, ni au bal, ni , ni... Mais "Faire avec", pourquoi se résigner ? Ne pourrait-on pas , plutôt que d'aller se perdre sur la toile de l'universelle araignée, remettre de l'humain dans la vie , du "lien" comme disent les khuistres, bref, aller de nouveau au contact, re-prendre la parole, militer pour un autre monde où la vraie rencontre est possible entre les êtres ? Souvenez-vous de la belle grosse voix de Colette Magny à propos de mai 68 : "En ce printemps-là, tout le monde se parlait"... En fait, c'est très politique, ce truc.
Idalie Felix
| 8/10/2008
Le genre de sites de rencontre que tu évoques procède d'une marchandisation de la relation... « Cher meetic, je voudrais une meuf de 1,65 à 1,75, mince, blonde, les yeux bleus et de gros seins svp... » . Avec ce genre de site on peut chercher soit une rencontre soit une image fantasmée... Gare à la réalité quand on emprunte ce second chemin... C'est peut être pour ça que beaucoup ne veulent au fond que fantasmer sur ces sites... Et comme la dit blue l'illusion a son utilité.
Ce qui me fait peur c'est que ça balise le terrain pour la prochaine étape : le cybersexe... et je crains que beaucoup de gens ne voudront plus aller les uns vers les autres mais préfèreront éprouver du plaisir à distance via des interfaces haptiques... Parce que ce sera plus confortable, moins salissant, moins impliquant, parce qu'ils n'auront plus besoin de se frotter à la réalité de l'autre, ni besoin de s'exposer à son regard car eux mêmes se sentent imparfaits... Et plus on avancera, plus ces mondes virtuels seront séduisants, rassurants, confortables, attrayants... Des pièges, séduisants comme tous les pièges... et une vraie régression à la clé... Un enfermement dans une bulle où il ny aurait de réalité pour nous contredire et nous obliger à grandir... L'horreur... Alors oui, se dépêcher de se rencontrer très vite, pour se côtoyer, pour se regarder, pour se toucher, pour se sentir... pour apprendre à s'accepter et à s'apprécier.
Je vois aussi des tas de bons côtés dans le net... Il n'est ni bon ni mauvais en soi, c'est l'usage qu'on en fait qui compte... ou le non usage, puisqu'au fond chacun est libre de ne pas l'utiliser... et surtout tous les usages qui restent à inventer car je suis à peu près persuadé que tout n'a pas été dit ou fait dans ce domaine...
doigt de miel
| 8/10/2008
J'adhère à chaque mot de votre billet de ce jour. Internet tue la convivialité et déshumanise... et pourtant, quel bel outil ! Alors, que faire ? Que dire ? Que penser ?
Joel Faure
| 8/10/2008
Idalie Felix : C'est vrai que c'est ce qu'il faudrait faire et je suis tout à fait pour. Par exemple, à chaque fois qu'on a eu de nouveaux voisins, on a fait l'effort d'aller vers eux pour se présenter et papoter, mais ça n'a jamais accroché (sauf avec un mais c'est surtout parce qu'il tient un commerce dans notre rue). Et ce n'est pas parce que j'habite en ville, dans les villages c'est pareil, voir pire en général. Mais en tout cas j'essayerai encore, quand on aura notre petite maison (un jour... ^^) je ferai une petite fête et j'inviterai nos voisins, parce que j'adorerai avoir des amis qui soient mes voisins. Donc non ce n'est pas une fatalité, mais c'est quand même en train de le devenir je trouve, ça fait peur. Quand on pense qu'à New York on dit qu'on n'aide pas une personne qui tomberait dans la rue... Il existe des sites internet créé par quartier dans les villes pour permettre aux gens de se rencontrer, afin qu'ils se parlent quand ils se croisent, je n'ai jamais essayé (ça n'existe pas pour mon quartier) mais ça a l'air pas mal :). Bien utilisé je pense que le net peut contribuer aux rapprochements.
Lou
| 8/11/2008
Etrange coïncidence que Lou puis Idalie soient parties sur le thème des bals Lorsque jai connu Marden sur un chat et que je lui manifestais ma gêne à raconter aux autres comment nous étions entrés en contact, il me répondait justement quil ny avait pas de honte à cela et que les « tchats » remplaçaient aujourdhui les bals dantan Toute à mon enthousiasme, jadhérais et cest là que six ans après, je ne suis plus daccord. Les « tchats » se sont multipliés dune part et dautre part, la plupart des couples que nous avions vu sy former se sont cassé la binette vite fait bien fait. Un peu comme sils avaient porté en eux trop de légèreté et étaient -quelque part en eux, inconsciemment peut-être- persuadés que les « tchats » étaient toujours là, ouverts comme un parapluie, comme un parachute et surtout comme un immense territoire possible pour dautres rencontres. Une forme de tentation irrésistible, quoi Et ces couples se sont, depuis, une fois ou plusieurs (plutôt plusieurs fois dailleurs) reformés avec dautres partenaires toujours par le biais de ces mêmes « tchats ». Réussite ou échec ? Je penche pour léchec et le côté supermarché à fantasmes, puits sans fond dune quête sans fin.
Serge> Je comprends mal ta question sur les blogs. Jai visité des centaines dentre eux et je nen ai pas même trouvé dix qui affichaient clairement une recherche sentimentale ou sexuelle. En plus, ils ont fermé presque tout de suite tant le moyen nétait pas le bon. Certains, par contre, se servaient de leur blog -mais insidieusement- pour tendre un hameçon. Il semblerait que ça leur ait rapporté des aventures, mais pas le grand amour quà mon avis ils ne cherchaient pas (puisque la démarche était très sournoise) Maintenant, si ton propos dépasse celui de larticle de Marianne cité et si tu me demandes ce que je pense du blog comme vecteur de communication en général, je ne sais trop quoi te répondre parce qualors, tout se passe au niveau de léchange de commentaires. Les blogueurs lambda ne dévoilent que peu deux-mêmes en fin de compte leurs commentateurs encore moins Tout ce qui pourrait advenir ensuite pour faire réellement connaissance se passe par le biais du mail. Cest le reproche que je fais dailleurs à KarmaOS qui, selon moi, barre toute forme de vrai contact avec linscription obligatoire pour commenter et le fait de ne pas fournir de boîte à lettres. Si tu veux un échantillon perso, U-blog ma permis de connaître pas mal de gens parmi mes lecteurs, KarmaOS aucun. Plus précisément, pour que tu te fasses une idée, parmi ceux dautrefois qui me commentent encore ici, la seule personne que je puisse prétendre connaître réellement (et réciproquement de son côté), la seule avec laquelle jéchange « pour de bon », cest « Idalie »
AURORA
| 8/11/2008
Ce "non-échange" de mail est un probleme technique en effet...
B l o w n b l u e
| 8/11/2008
Ah aussi : ce n'est pas parce que les amours périclitent qu'on regrette de les avoir vécues... :)
B l o w n b l u e
| 8/11/2008
Aurora, merci pour cette réponse.
serge
| 8/11/2008
attantion aux beaux esprits qui critiquent le média plutôt que le contenu il y a du vrai dans le net sinon par ex wikipédia n'existerait pas, et ce n'est qu'un exemple... il faut aussi du mensonge, des pseudos etc etc... L V V quoi !
favret
| 8/11/2008
Blown> Tu as raison, ce nest pas parce que les histoires damour périclitent quil faut regretter de les avoir vécues. Mais ça, cest valable aussi dans LVV. Ce qui est inquiétant, cest que celles nouées sur le Net (sur les sites de rencontre) périclitent plus tôt que les autres. Comme si les protagonistes savaient dès le départ quils en ont tout un tas de possibles déjà en réserve et peut-être que cest ça le fait qui les fait péricliter plus vite
Favret> Mais il ne sagit pas de maudire ici Internet, Wikipédia , les journaux en ligne ou les blogs etc. (je nai parlé que de ce que disait Serge Tisseron dans un article très ciblé sur les rencontres sentimentales virtuelles et ensuite ce sont les commentaires qui ont élargi le thème..). Quil faille des pseudos, certes, cela permet aux gens décrire ce quils noseraient sans doute pas autrement ; il suffit de lire les réponses des lecteurs aux articles sur Libé.fr ou nimporte quel autre quotidien qui a son site sur le Web. Que les gens se lâchent derrière le masque de « Bidule » ou « Toto », cest bien. Un peu moins daccord pour ce qui est de ton « il faut du mensonge » parce quil y en a déjà trop dans LVV (merci à Jeanne au passage de nous avoir donné ce merveilleux sigle !)
AURORA
| 8/11/2008
Zut mon commentaire s'est perdu, j'ai appuyé sur un truc sans faire exprès... tant pis, je vais résumer : Sans internet, il y a énormément de relations que j'ai eue qui n'auraient pas eu l'occasion de péricliter, puisqu'elles n'auraient jamais eu lieu IRL (je parle de rencontre IRL). Et rien ne prouve que le fait qu'elles périclitent soit du fait d'internet, qu'est ce qui prouve qu'elles n'auraient pas sombré sans internet ? Rien bien sur... Beaucoup de paramètres entrent en jeu, y compris celui de l'époque dans laquelle on vit qui veux qu'on prenne et qu'on jette sans ménagement, on consomme l'amour, on ne le consume plus ^^.
Lou
| 8/12/2008
Tu as raison, Lou, et sur l'ensemble de ce que tu dis (les vertus multiples du Net, les rencontres qui ne sont pas toutes à caractère de recherche amoureuse, l'amour "consommable" dans la société d'aujourd'hui etc.)
Encore une fois, je ne rapportais qu'un propos très particulier du psychiatre Serge Tisseron qui concernait les rencontres sentimentales faites sur les sites dédiés. Je continue à lui donner raison. Je regrette de ne pas pouvoir passer cet article au complet mais il n'est pas en ligne sur le site de "Marianne" et je n'ai droit sur un blog qu'à une citation.
Chacun, par ailleurs, a "son" expérience. La mienne se résume à dire que sur une vingtaine de couples qui se sont formés sur un "tchat" le même été que le nôtre, il n'en demeure à ma connaissance que quatre qui soient encore ensemble. Cela me paraît peu comparé à ce qui se passe dans la vraie vie, et mon constat s'alourdit si je considère que ces couples avaient tous conservé leurs pseudos persos sur ce tchat après avoir lié une relation qu'ils disaient pourtant être "celle qu'ils cherchaient"... Je pense qu'inconsciemment, ils voulaient garder surtout une "ceinture de sécurité" et malheureusement, ce n'est pas le meilleur moyen d'aborder un amour, ne serait-ce que seulement parce que -sachant cela chacun de son côté- la confiance dans le partenaire ny est pas à 100% ni pour lun ni pour lautre..
Informaticien de formation et de métier(mais c'est fini, ouf, passé à autre chose) et accroc à la "real life", je me suis souvent gaussé de ces nouvelles formes de "communication".Plongé dedans, sorti par chance(?), mon jugement initial en est renforcé.
Mais dis-moi.., et n'y vois surtout aucune attaque(svp), Tisseron n'aborde t-il pas la "problématique" des blogs? Ou n'en n'est-ce pas une?