C'est très compliqué tout ça et oui il faudrait comme tu dis pouvoir entourer de barbelés nos notes et commentaires pour les rendre sinon privées du moins ... réservées ? Honnêtement j'ai été choqué de ce que Robbe-Grillet déclarait il y a quelques années à Jacques Chancel sur la pédophilie ; c'était sur France Inter je crois. Il défendait clairement - autant que je me souvienne - une sorte de version "grecque", "antique", de l'apprentissage de l'enfant (quel âge ? je ne sais plus) passait aussi par la consommation sexuelle de son démiurge. Chancel en chancelait d'ailleurs !!!! Et certes oui à se dire ça on repense à ses livres et peut-être pourrait-on se demander si au fond le masque du Nouveau Roman n'est pas le masque, au départ, d'une sexualité transgressive, inavouable. Allez, je suis fatigué, nous reparlerons peut-être une autre fois de tout cela. Effectivement avec le contrepoint de Guyotat ?!
lesyeuxsanspaupieres
| 11/23/2007
Détail : Pierrat est une crapule ;-)))
lesyeuxsanspaupieres
| 11/23/2007
Tu as raison: si j'avais pu mettre cette note "sous réserve", tu ne l'aurais pas lue... Mais pourquoi l'as-tu fait? Il y avait tout de même un long avertissement en rouge!
Trève de plaisanterie: tout ce qui a été écrit sur ce "Un roman sentimental" (Assouline et les autres, par blog ou par voie de presse) l'a été publiquement et est publiquement disponible sur le Net ou, pour les journaux, dans les médiathèques. Seul le livre est sous cellophane et je me suis bien gardée -contrairement aux précédents nommés- d'en citer un seul extrait, respectant ainsi l'avertissement "conte de fées pour adultes" de l'éditeur, pas plus que je n'en ai conseillé l'achat. Mais j'avais moi aussi le droit d'en parler même si je ne suis pas un critique avec pignon sur rue. Je suis une lectrice, cela me donne une toute petite légitimité. Surtout que mon angle d'approche a été l'hypocrite traitement du roman par les uns et les autres.
N'ayant pas entendu Robbe-Grillet chez Chancel, je ne peux te répondre sur cet entretien.
Par contre, pour le "Nouveau Roman", non, mille fois non... Que vas-tu voir tout à coup là? Quels masques? Relis tout de même "Pour un nouveau roman", l'essai du même Alain Robbe-Grillet (ou son livre "La jalousie" car je suis sûre que tu connais les deux que j'ai indiqués et qui sont les plus faciles d'accès). Et pense à Butor, Duras, à Claude Simon et à Nathalie Sarraute...
PS: J'ignore totalement qui est Pierrat. Je te laisse donc la responsabilité de ton affirmation.
AURORA
| 11/23/2007
Moi qui appréciait Jérôme Garcin comme "auteur-cavalier", je suis extrêmement déçue de lire ça de sa part. Certe ce livre dérange, provoque, gêne... mais de là à établir un comparatif avec des faits REELS, avec des VICTIMES et leurs familles. Je trouve ça choquant. Pour les victimes.
Quant à J. Garcin qui manque pour le coup cruellement de la finesse qui le caractérise à cheval, devrais-je alors voir sur le même pendant ses allusions à l'érotisme équestre comme de la zoophilie.
On nage en plein délire, ou en pleine connerie, au choix. -_-"
(rien à voir mais cette polémique me fait doucement rire quand on se rappelle du pavé dans la baignoire (en l'occurence qui relevait davantage du prout dans la baignoire) qu'avait provoqué Houellebecq, la provocation douteuse en plus... le talent en moins !)
Plop
| 11/23/2007
Je ne connaissais pas du tout cette histoire, il faut dire que depuis la dispariton de l'émission de Pivot, je ne regarde plus aucune émission littéraire car aucune ne me plait, je préfère choisir mes livres au hasard et au petit bonheur la chance dans les rayons d'une librairie mal rangée et hétéroclite. Les critiques à chaud (cad quand publié) d'un livre transgressif sont toujours les mêmes, on interdit des livres, on les condamne, on les brûle, on les cache, on les censure, alors les gens ont encore plus envie de les lire, et des années plus tard, parfois, ces livres maudits on les reconnait, on les met sur un piédestal et on dit que c'est de la grande littérature classique. Alors bien sûr je ne l'ai pas lu, et je n'affirme pas que ce sera le cas, ce que je veux dire c'est que si vraiment le livre est bon même si transgressif, il le sera encore plus aux yeux des critiques dans des années. Quoi qu'il en soit il est vrai que le sujet dont tu parle me choque et je comprends que les gens soient aussi acerbes envers ce livre. Il faut bien comprendre que dans l'europe francophone, la vieille europe comme on dit, on "vient tout juste de découvrir la pédophilie" parce qu'avant elle n'existait pas... On est en plein dedans, Dutroux, Fourniret, Outreaux, ... et du coup, les gens sans doute ne peuvent pas s'empêcher de faire le paralèlle, parce que c'est pile dans l'actualité... A ce que je sache on ne comdamne pas de Vinci ou certains philosophes antiques... Il faut que les gens se trouvent des boucs émissaire, sur qui remettre la faute aussi je pense. Je crois que je ne pourrai pas lire ce livre, c'est un sujet qui me fait très mal, en tout cas je trouve ça courageux de ta part de le "défendre". Voilà ce que j'avais envie de dire :) je suis désolée si je ne suis pas vraiment dans le ton :).
Lou
| 11/23/2007
Il me semble que toute cette histoire repose sur un malentendu, un contresens de lecture si je puis dire : sous le titre "Roman sentimental", il y a un SOUS-TITRE qui donne la clef si on est bien attentif : « conte de fées pour adultes ». Tout le monde sest focalisé sur « pour adultes », dautant que la cellophane y aide, en oubliant « conte de fées ». Le conte de fées, que je sache, na jamais eu la moindre prétention au réalisme ni à lautobiographie : le degré de réalité des belles princesses, des crapauds et des dragons y est extrêmement faible. Certes, la pédophilie existe, hélas, dans le « réel référent », comme disent les cuistres, et sest lourdement imposée à travers toute une série de faits divers écurants. Mais nous sommes ici dans une fiction romanesque, et la seule réalité de cette pédophilie-là, cest celle du fantasme. Je crois que personne , ni Beigbeder, ni Garcin, ni Assouline je nai lu que ce quil écrit sur son blog -- ne soupçonne sérieusement ARG dêtre un violeur denfants, mais «simplement » davoir ces fantasmes-là et surtout de ne pas les garder pour lui. Plus quà la censure, lappel est à lautocensure : rêvez comme vous voulez on ne peut pas vous en empêcher mais surtout ne lécrivez pas, ne faites pas de lart avec, ce nest pas un matériau noble. Cest ce qui me semble le plus grave dans cette polémique : à lépoque où sont parus leurs ouvrages, je nai « aimé » ni Duvert ni Guyotat, car cest un genre décriture où jai bien du mal à « entrer », mais il ne me serait jamais venu à lidée que lon puisse interdire leurs ouvrages. Je ne sais si je lirai le Robbe-Grillet, mais le niveau des débats, tel que le résume excellemment Aurora, me paraît lamentable, et bien significatif des dérives du «politically correct », qui, au nom dune juste cause (la protection de lenfance) va en devenir liberticide, si nous ny prenons pas garde.
Idalie Felix
| 11/23/2007
Tout cela est vrai. Et le Nouveau Roman n'est pas une entreprise pédophile !!!! En revanche oui les propos de ARG légitiment parfois semble-t-il une certaine pédophilie "éclairée", un "amour" où l'adulte quide le jeune y compris par sa sexualité. Je juge pas sur le fond - c'est peut-être une chouette idée ou une atroce perversion - je dis juste que c'est sans doute autant dans sa vie que dans son uvre et que justement c'est peut-être un certain regard pour "lire" ses livres et décrypter ce qui aurait rendu - pour lui seul ! - nécessaire ce qui advint être le Nouveau Roman (que j'adore). Notez bien aussi : tout le petit monde de l'édition "sait" des choses, y compris Garcin, Pierrat et tutti quanti. Quand ils suggèrent, ils fuitent. Leur choix est de ne pas exposer leur sexualité mais leurs pratiques les amènent à "savoir" (ou croire savoir ?) certains choses intimes de leur voisins de librairie. C'est un autre débat mais notons bien qu'il s'agit moins ici de leur part d'un "politiquement correct" que, souvent, d'un relatif mutisme gêné sur des faits qu'ils connaissent. Et le silence est respectable ! C'est tout, je retourne à Steve Masson ;-)
lesyeuxsanspaupieres
| 11/23/2007
"Les propos d' ARG légitiment parfois semble-t-il une certaine pédophilie "éclairée", un "amour" où l'adulte quide le jeune y compris par sa sexualité...." Certes : c'est ce qu'on appelle "l'amour socratique", où l'éraste, un homme plus âgé, initie son jeune amant, l'éromène, non seulement dans sa sexualité, mais dans son éducation en général, pour le conduire à l'âge adulte et à l'autonomie. C'est ce qui se passe dans "Les Faux Monnayeurs" de Gide, entre Edouard le romancier et son neveu-amant-disciple le jeune Olivier Molinier. Le roman date de 1928, et il tient méchamment bien le coup... comme toutes les oeuvres réussies !
Idalie Felix
| 11/23/2007
Ce qui est gênant, c'est l'avis de quelques gazettiers influents et prescripteurs qui trouvent là, avec ARG de quoi se caler la dent creuse. Où est le jusqu'auboutisme ? Chez ARG qui a écrit un livre (sans enterrer de cadavres ) ou chez les petits marquis de la critique, bien à l'aise dans leurs petits souliers ? Je ne suis pas pédophile ; je suis "fétichiste à tendance sadomasochiste", et pourtant je pose cette question : "Ne faudrait-il pas revoir l'âge de la maturité sexuelle"...
Joel Faure
| 11/23/2007
Idalie a très bien posé la question essentielle. Cest de littérature et de littérature seulement (ou d'art) quil sagit ici.
Donc le débat nest pas sur le fait d' abaisser lâge de la maturité sexuelle légale en France (pour ma part, je serais plutôt contre car je pense mais je peux me tromper quil est fixé à quinze ans et cela me paraît très bien ainsi.).
Le thème brûlant de la pédophilie (amené par tout un tas de faits divers) est à prendre très au sérieux. Oui, des malades existent, oui, ils sont dangereux, oui, sils passent aux actes, ils doivent être condamnés. Le fantasme -quel quil soit- cest autre chose. Si on le garde par devers soi, aucun problème dans notre société. Mais le fantasme, quand il revêt lenveloppe de loeuvre dart, visible ou lisible à loisir, semble en passe de devenir, par un curieux détournement de lesprit, déjà une forme de chose suspecte. Et cest très inquiétant pour la liberté dexpression.
Le « Roman Sentimental », quasi à la manière des « 120 journées de Sodome » est une succession de 239 tableaux vivants où se mêlent sadisme, inceste, cannibalisme sur de jeunes ou très jeunes personnes. Nul na songé à parler de ce « cannibalisme » pourtant bien clair et à accuser Robbe-Grillet dêtre un ogre. Cela eut été ridicule. Non, cest sur la « pédophilie » que laccent est mis. Histoire dair du temps. Même sil est plus quévident que ce livre ne peut inciter quiconque à quoi que ce soit.
Dans la même veine, il y a quelques semaines, a été saisie dans une exposition en Angleterre une photo de Nan Goldin représentant deux très jeunes gamines en train de faire la danse du ventre. Cette photo (propriété de Elton John) avait déjà fait controverse et est lune des pièces de laccusation dans le dossier de laffaire de lexposition « Présumés innocents » du CAPC de Bordeaux Mais on peut la voir sur cette page de 20minutes.fr http://www.20minutes.fr/articl...trappe.php En finira-t-on un jour avec cette photo ? Se souvient-on de lengouement que tout le monde avait vers 1975 pour les clichés romantico-érotiques des « Jeunes Filles » de David Hamilton que lon vendait dans tous les magasins de posters et de cartes postales? Quest-ce donc qui a changé et nous rend si accusateurs, si soupçonneux ? Et surtout, après le thème des « Jeunes filles », quel est le fantasme qui sera demain objet de cette suspicion, et donc passible de censure, dinterdiction, de procès ?
Toute attaque faite à lart est liberticide. Car de lart, on passe très vite aux individus. Qui parmi nous sera le prochain « méchant » et pourquoi ? Si jécris une nouvelle où je déclare fantasmer sur le fait de me faire enfermer une nuit chez Cartier et de me remplir les poches avec toute la collection, puis idem chez Guerlain, dois-je pour autant être immédiatement taxée de kleptomanie assurée?
Pour Robbe-Grillet, le phénomène le plus étonnant est ce déferlement de haine. Les commentateurs des blogs « côtés » qui en parlent ny vont pas de main morte : qui lui souhaite de périr vite, qui sort des infos à côté de la plaque comme celle du fait que « nayant pas dhéritiers il a fait acheter par lEtat sa maison, tout en en conservant lusufruit jusquà son décès » (et alors, je ne vois pas où est le crime? ). Je ne le savais pas autant détesté et jai limpression que ce livre sert de révélateur ou que cette histoire de pédophilie est un bon prétexte pour expurger toute cette rancur dont on peut légitimement se demander à quoi elle est due, lhomme ayant toujours été plutôt discret et sympathique.
La chose la plus surprenante étant quAssouline dans sa chronique sur « Le Monde 2 » de ce matin narre la censure qui frappe en Iran le livre de Garcia-Marquez « Mémoire de mes putains tristes ». Voici ce quil écrit de cet ouvrage :
« Il faut dire que dun certain point de vue, question soufre et scandale, le roman du Colombien na a priori rien à envier au « Lolita » de Nabokov : il raconte lhistoire dun homme de 90 ans qui confie son désir de mourir centenaire et amoureux en soffrant une folle nuit avec une adolescente de 14 ans, «nouveauté disponible » procurée par la patronne du bordel où il a ses habitudes La suite est plus platonique et romanesque, mais tout de même. Il nen fallut pas davantage pour faire hurler dans une dictature théocratique ».
On se demandera en quoi, pour Assouline, ce texte de (lexcellent) Garcia-Marquez nest pas - comme le « Roman Sentimental »- passible dune « citation à comparaître sur son blog » pour cause de « fantasmes pédophiles ». Ou plus simplement si Assouline a un peu de suite dans les idées !
AURORA
| 11/24/2007
Je redonne le lien avec la photo de Nan Goldin puisqu'il semble défectueux techniquement:
Honnêtement j'ai été choqué de ce que Robbe-Grillet déclarait il y a quelques années à Jacques Chancel sur la pédophilie ; c'était sur France Inter je crois. Il défendait clairement - autant que je me souvienne - une sorte de version "grecque", "antique", de l'apprentissage de l'enfant (quel âge ? je ne sais plus) passait aussi par la consommation sexuelle de son démiurge. Chancel en chancelait d'ailleurs !!!!
Et certes oui à se dire ça on repense à ses livres et peut-être pourrait-on se demander si au fond le masque du Nouveau Roman n'est pas le masque, au départ, d'une sexualité transgressive, inavouable.
Allez, je suis fatigué, nous reparlerons peut-être une autre fois de tout cela. Effectivement avec le contrepoint de Guyotat ?!