BDSM Souvenirs: Premier "mais", mue gaie...

J'avais un an en 68 et mon chéribibi a travaillé hier (vu l'heure) de 7h30 à 18h30 et il n'est ni pompier, ni flic, ni dans un hopital . Mais c'est payé 300% : il a travaillé lundi et tout le week end et il travaille aujourd'hui . Et le 8 c'est son anniversaire et normalement il travaille aussi . Méchamment (désolée Aurora) c'est une pub pour l'inéligible . Et ben, même pas, parce qu'aujourd'hui dans un parc où on ne va pas très souvent, j'étais la pauvre mère célibataire . Mais ils vont tous voter pour lui . Quant au sondage je réponds à la première proposition, mais cela s'applique différemment suivant l'age et les partenaires .

En mai 68, j'étais à peine plus âgée que vous, Billeversée.
Je me souviens d'en avoir vécu les grandes manifestations sur les épaules de mon père.
Mes 14 ans, c'est la décennie qui vint après, celle où l'on toucha du doigt les bénéfices de ce que ce mai avait apporté.
Surtout si l'on était de sexe féminin.
Il faut le dire aux jeunes filles d'aujourd'hui. C'est important.
Elections ou pas, c'est important qu'elles le sachent.
Et parce que dans ces élections, pour lancer un baroud médiatique, on s'en est emparé pour en faire une caricature honteuse, ça devient encore plus important.

Hier, je faisait un post hommage à mai 68, et à tout ce qu'il avait apporté de nouveau et de constructif dans nos vies. J'avais deux ans, et en digne fille de militant cégétiste, j'étais au piquet de grève... Comment voulez-vous que je ne sois pas engagée maintenant ! Ca laisse des traces. C'est notre devoir que de dire ce qu'apportèrent ces soulèvements populaire, en avancées sociales, mais aussi en matière de liberté des femmes. Laisser salir ou nier cela, c'est accepter de revenir en arrière, et ça, ce n'est pas possible.

Nier mai 68 c est revenir à une société patriaracale et verticale, ce sont les défenses d'un candidat populiste et sécuritaire face à un monde qu'il ne comprend pas. Alors comme en mai 68 aimons nous.

Peut-être est-ce l'effet de mon éducation catholique (qui fait que je me reconnais dans la troisième catégorie), mais Mai 68 me fait l'impression d'un vaste hold-up.
Quand tout fut fini, quand la fumée fut redescendue et que les pétroleurs se furent (enfin) tus, que vit-on ?
On assista à un changement de génération mais pas à l'accession d'une nouvelle classe au pouvoir. Simplement on changea de secteur.
Les fils des maîtres de forge devinrent publicitaires ou brokers mais le fils de l'ouvrier des forges devint chômeur.
Il est vrai que la fille du maître de forges se vit ouvrir de nouvelles possibilités de carrière, mais la fille de l'ouvrière, elle....Peau de balle et balai de crin.

>KeyserSoese :

En Mai 68 (j?avais 20 ans) nous avons cru à la Révolution.
Mai 68 a peut-être été un hold-up. Mais pas par ceux qui l?ont fait, plutôt par ceux qui nous ont empêchés d?aller au bout de cette révolte.
Débutée comme chacun sait par un mouvement étudiant très localisé (Nanterre ? Paris X), mouvement suivi par les universités et les lycées et bientôt rejoint par le monde ouvrier et les fonctionnaires, la mèche fit long feu?
Il n?empêche que grâce aux accords de Grenelle nous avons bénéficié de changements positifs, les salaires ont quasiment doublés, la censure a reculé, la liberté d?expression a fait jour.
Pour la fille du maître des forges comme pour la fille de l?ouvrier (et leurs fils aussi) cela permit au moins de « Vivre sans contrainte et jouir sans entraves ».
Cela reste, quoi qu?en disent les « nouveaux moralisateurs », l?époque clé de l?émancipation de LA FEMME par rapport à la société patriarcale pré-68 (se souvenir par exemple que les femmes n?avaient pas le droit de gérer leurs biens ou salaires).
Ne fusse que pour cela, on n?a pas le droit de galvauder Mai 68 et encore moins de s?en servir de repoussoir pour revenir à l? « Ordre Moral » pour ne pas dire à l? « Ordre Nouveau ».

MARDEN

je ne pense pas que mai 68 ai été un hold up
il a ouvert bien des têtes
les pleines et les moins pleines
il a ouvert les usines
les universités
mélange pour un temps
la révolte était là ...
où est -elle aujourd'hui ?
il y a eu des changements
et certains rêves sont devenus réalités.
alors
sous les pavés il y a toujours le sable et la plage

J'avais quinze ans en 68, et je ne laisserai personne dire que ce n'était pas le plus bel âge de la vie...

Paul Nizan, n'est-ce pas Idalie ?

Oui, Nizan, un homme exemplaire.
Le texte exact est "J'avais vingt ans, et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie" (incipit de "Aden Arabie"). J'ai pris la citation à l'envers, parce qu'en mai 68, on pouvait à la fois être jeune et heureux. Pendant qq semaines, nous avons marché sur l'eau, dans une espèce d'enthousiasme, de souffle poétique et politique. Nous étions justes avec nous-mêmes, et amoureux du monde entier. Cen'est pas si souvent que cela arrive...

Je lis avec émotion cette citation de Nizan tirée d'Aden Arabie que mes ami(e)s et moi citions souvent quand nous avions 20 ans. Et je songe à cet autre passage que je paraphrase / la fuite ne sert à rien, je suis ici, j'y reste et je m(y battrai. La lettre n'y trouve pas son compte mais l'esprit du texte est respecté : c'est une formule notée à la fin du livre quand Nizan a découvert homo economicus et qu'il décide de rentrer à paris pour s'y battre. Je m'en suis beaucoup inspiré à 20 ans et à 30 quand je travaillais en Afrique.

Que dire ? Je me sens à bientôt 51 ans toujours un "enragé" mais mes colères ne sont pas "saines" (Heureusement !) et ma révolte n'a pas grandi sur les bancs de l'ENA. Pour ma part, j'ai été condamné en son temps au titre de la Loi Anticasseurs (article 314 du code pénal), cela fait désordre dans mon milieu professionnel... Sourire. Mais on n'est pas sérieux quand on a 17 ans.... N'est-ce pas Monsieur Rimbaud ?