Image Yuri Bonner
Le couteau sous la gorge,
Je répondrais « Cathare ».
Ils sont à tout jamais
Mes éternels dolents.
Comme chante Cabrel,
« En robe de ciment »,
Leurs murailles en ruines
Leur servent de gisants.
Ils n’ont pour toute gloire
Que nos blêmes mémoires
Lorsque nous traversons
Leurs cimes et leurs vallées
Et que dans un éclair
Le feu de leurs bûchers
Sonne le tocsin lent
Des bûchers à venir.
Tous les Inquisiteurs
Tous les Princes de sang
Donnent encore la mal’heure,
Sont encore sur les rangs.
Ils apportent l’écho
De ceux qui déclarèrent
Hérétiques les mots,
Endiablés les austères.
Moi qui ne crois en rien
Je connais leur martyre.
Qu’il ait part au Divin
Je ne peux pas le dire.
Mais l’ombre de leurs cris
Au cur de leurs cités
Pèse un poids de plomb
Sous le soleil doré.
Au pied de Montségur
Interroger le temps,
Celui qui préfigure,
Et dans le vent d’autan
Toujours se demander
Ce qui est advenu
De ceux que les Parfaits
N’ont point pu consoler.
Je les entends souvent.
Leurs pierres sont symbole.
Plus que l’Histoire en soi,
Ils en sont parabole.
Le couteau sous le gorge,
Je répondrais « Cathare ».
Ils sont à tout jamais
Mes éternels dolents.