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BDSM TRANSALPIN .

 

                   

                            Photo Marco Bertin : "Carnival"

 

Depuis quelque temps, je lis avidement un forum BDSM dans lequel je me reconnais à 300%.

Damned ! Il est italien.

 

Je voulais, un soir de ce mois voir où en était ce qui fut le plus grand site SM transalpin.

Las, il végète, ne survivant plus que par ses annonces et quelques très sporadiques forums…

Mais de lien en lien, je suis donc arrivée sur l’autre site, entièrement gratuit et qui a aujourd’hui pris le leadership. Il existe depuis fin 2002.

 

2002. La date est  pour moi d’importance puisque c’est cette année-là que je fis mes premiers pas sur un forum en France.

 

Je ne donnerai pas le lien de ce site italien, il est réservé aux adultes et d’ailleurs, combien ici pourraient le comprendre en le lisant « dans le texte » ?

Ceux ou celles-là sauront en trouver le chemin, j’ai laissé suffisamment de petits cailloux blancs. 

 

Tout ça pour dire quoi ?

Que je m’interroge.

 

La façon dont ce site est composé est classique : débats et textes vécus ou fictifs des membres, petites annonces etc..

 

C’est non la forme mais le fond donc qui varie par rapport à ce qui m’est familier.

 

J’ai donc tout lu ( Je dois reconnaître qu’en revanche, je n’ai pas lu un seul livre ce mois-ci ! Diantre ! Un forum datant de 2002, c’est copieux ! ) et je me suis aperçue que la « façon de voir les choses » est chez eux tout à fait à l’opposé de celle qui a la main mise chez nous.

 

A part les petites annonces où l’on retrouve les « usuals fantasmeurs », tout le reste est passionnant et d’une ouverture d’esprit totale.

Les intervenants sont très nombreux, pratiquants réels, généralement en couple mais dans ce cas l’homme et la femme parlent chacun en leur propre nom ( on les lit donc l’un et l’autre à propos des questions posées par tel ou telle ).

Et surtout, surtout, ces participants se sont totalement dégagés de la gangue des « règles », du « dress code » et de tout ce qui va avec.

Pourtant ils sont actifs , ils se retrouvent dans des soirées publiques ( que de « clubs » en Italie !) ou dans des fêtes organisées par le groupe sur une région puis sur une autre…

 

Ils s’aiment et ils « jouent ». Ils « jouent » et ils sont ludiques. Avec tout.

A commencer avec les idées toutes faites qu’ils remettent en cause.

Quelqu’un pose par exemple la question, si préoccupante et qui fait tant clavarder chez nous de l’esclavage 24/24 et 7/7 : l’ensemble des réponses sur ce topic pourrait se résumer en une phrase clé, celle de cette jeune femme qui déclare  « Parlons vrai : c’est la vie qui a toujours le dessus sur le théâtre et il faudrait plutôt évoquer les difficultés que l'on a  à trouver dans un couple et le temps et la disponibilité mentale de « pratiquer » 7 jours sur 30… »

 

Ils jouent aussi avec les mots ( les textes de leurs forums ont un humour remarquable ).

Ainsi, à celui qui propose à la lecture de la communauté l’une de ses œuvres prétentieusement écrite et dont le thème est un classique du genre ( la chienne et ses trois orifices, les objets pour remplir les vides, la turgescence du narrateur et ses prouesses) et qui termine ainsi « Ce fut la première fois. J’espère qu’il y en aura d’autres », le chœur du forum répond « Si tu parles de textes, non, merci ». Un forum français aurait porté ce témoignage « hot » au pinacle.

 

Par ailleurs et selon l’usage italien , tous se tutoient quel que soit le rôle (ou l’A.V.S. comme on dit chez nous). On est loin de cette liste française que j’ai parcourue l’autre jour et où un « Dominant » demandait aux soumises de nommer « Maître » - que ce soit en leur répondant par écrit dans les fils de messages ou que ce soit sur le « chat privé » de la communauté - tous ceux qui se sont inscrits sous ce « titre ».

 

Là-bas, de l’autre côté des Alpes, c’est au contraire la complicité permanente. Entre hommes et femmes, entre hommes et hommes, entre femmes et femmes.

Un simple cas de figure : lors d’une discussion, les mots qui vont d’une Domina à une soumise n’ont jamais rien de condescendant, c’est le bon sens qui règne, la convivialité parfaite, un réel intérêt porté à l’autre . Et pourtant, je le répète, ils abordent tous les sujets.

 

Leur forum est beau. Il fleure bon le libertinage et la liberté. La vraie transgression, quoi…

Pas de modérateur ou de censeur pour guider les discussions, pour couper les têtes qui dépassent. Et ça marche. Bien. Mille fois mieux qu’un site, un forum ou une liste semblable  de chez nous.

J’en connais, et de nombreux, qui devraient aller y prendre de la graine. Et du grain à moudre pour ce qui est des sujets traités. Parce que les Français ont tendance à rabâcher toujours les mêmes. Sans se rendre compte qu’ils tournent en rond.

 

Ne les imaginez pas comme de doux rêveurs, ces amis italiens : ils ont le verbe sacrément haut quand il le faut.

Ni comme des plaisantins de fortune : ils savant être très sérieux aussi. Notamment sur la section  du site « protection et conseils médicaux ».

 

Quand je les lis à la lumière de mes souvenirs ou de mes présentes visites sur des groupes français, je ne comprends pas pourquoi nous sommes, nous, si étroits d’esprit, si figés dans nos idées reçues, notre prêt-à- croire, notre pensée unique.

« Le Milieu », je sais…

Encore et toujours.

Mais pourquoi ?

 

Est-ce l’ « Histoire d’O » qui a, à ce point, conditionné le BDSM français ? En avons-nous fait, avec « Le Lien » de Vanessa Duriès comme « pendant » plus contemporain, de telles Bibles que nous ne savons plus sortir du Verbe ? Et que nous en sommes arrivés au conditionnement suprême de croire que le SM c’est cela et pas autre chose..

Sommes-nous allés de surcroît raffermir ces idées chez  certains groupes anglo-saxons aux idées plus moyenâgeuses encore que les nôtres ?

Ne sommes-nous, dans nos lieux virtuels dédiés, vraiment plus capables de nous inventer nous-mêmes et notre BDSM avec nous au jour le jour, selon les particularités de chacun ?

 

C’est navrant. Catastrophique même quand on voit les interrogations BDSM françaises.

Par exemple « Fausse ou vraie soumise ? » ( et les critères qui s’appliquent pour distinguer l’une de l’autre* ) .

Ou cette redondante assurance qu’ont certains à affirmer en tous lieux, chaque fois qu’ils le peuvent, que la soumission naît d’un manque d’estime de soi**.

Vingt Dieux ! S’ils lisaient les soumises italiennes, ils mangeraient leur chapeau.

 

Pour conclure et quant à moi, je souris en pensant que, par juste retour aux origines ( les miennes ), mon blog est tout à fait à la « mode » italienne.

Telle Monsieur Jourdain,  je l’ignorais…

 

 

 

PS : * et ** : Je reviendrai prochainement sur ces deux thèmes.

 

 

 

 

 

 

AURORA | 4/30/2005
KarmaOS