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BDSM : L'ENCYCLOPEDIE BDSM D'AURORA 174 M COMME MIETTES ( 2 : LE LIGOTEUR )...

 

             

                        PHOTO MICHEL CHARLES

 

M COMME MIETTES ( 2 : LE LIGOTEUR )...

 

Ce titre de \302\253 Miettes \302\273 hier soir m’a donn\303\251 envie d’en raconter un peu plus de moi, de parsemer ce blog de quelques autres miettes, de mon histoire \303\240 moi.

 

Tout fut affaire d’absolu : au lyc\303\251e, je comprenais mal les flirts de mes amies, qui allaient, qui venaient, changeaient au gr\303\251 des \302\253 boums \302\273 de l’\303\251poque. Bien s\303\273r, je faisais comme elles mais je n’y trouvais aucune saveur, rien qui me transporte, rien qui ne corresponde \303\240 cette id\303\251e de l’amour total que je portais en moi. J’\303\251tais \303\240 la fois nourrie de litt\303\251rature plus que romantique tant de qualit\303\251 moyenne  (Les Gens de Mogador en sont un bon exemple) qu’excellente ( Belle du Seigneur en est encore un) et de litt\303\251rature \303\251rotique d\303\251j\303\240 tr\303\250s connot\303\251e (Robbe-Grillet, Mandiargues seront ce dernier exemple).

 

Je disais il y a quelques posts qu’\303\240 seize ans le fouet d’ \302\253 Histoire d’O \302\273 ne me faisait pas peur, il \303\251tait une marque d’amour, une preuve d’amour.

J’avais brod\303\251 sur mes espadrilles et sur mon bandeau serre-t\303\252te le pr\303\251nom de Philippe, mon grand amour de l’\303\251poque, qui m’avait d\303\251laiss\303\251e pourtant, mais l’id\303\251e de me faire inscrire ce m\303\252me pr\303\251nom sur la peau au fer rouge ne me paraissait pas inconcevable, bien au contraire, je l’eusse vu comme une suite logique \303\240 mon ouvrage de couture ou aux c\302\234urs \302\253 forever \302\273 que je gravais au couteau Opinel sur les oliviers proven\303\247aux. Je pensais qu’offrir une belle et enti\303\250re \303\251preuve de souffrance \303\251tait la plus belle des preuves d’amour. J’\303\251tais une amoureuse passionn\303\251e, une exalt\303\251e.

La po\303\251sie que je lisais n’\303\251tait pas l\303\240 pour me dissuader :

\302\253 J’ai ferm\303\251 les yeux pour ne plus pleurer de ne plus te voir \302\273 lisais-je dans Eluard, \302\253  Il n’y a pas d’amour qui ne soit \303\240 douleur \302\273 trouvais-je chez Aragon\302\205

Je continue \303\240 penser que je suis \302\253 entr\303\251e \302\273 en soumission, en masochisme, par amour de l’amour et par amour de l’amour dans la litt\303\251rature.

 

A vingt ans , un petit ami italien fascin\303\251 comme moi par les bandes dessin\303\251es de Guido Crepax me voulut bien comme Valentina, nos jeux se limit\303\250rent \303\240 des foulards qui me retenaient prisonni\303\250re au vieux lit \303\240 barreaux de fer de sa chambre d’\303\251tudiant. L’affaire ne fit pas long feu. Je devais repartir pour la France.

J’y fis ma vie comme on dit. A vingt-huit ans, j’eus un amant hors de mon couple, amant sanguin et jaloux, j’osai lui proposer un jour de r\303\251it\303\251rer ensemble l’exp\303\251rience des foulards. Me voyant plus \302\253 heureuse \302\273 qu’\303\240 l’accoutum\303\251e, il en fut d\303\251pit\303\251 et ne voulut jamais recommencer.

 

Le BDSM resta dans les livres pendant quelques ann\303\251es encore jusqu’\303\240 ce que les deux sc\303\250nes de bondage du film \302\253 Romance \302\273 de Catherine Breillat ne m’eussent convaincue ( le bondageur \303\251tant le seul personnage masculin sympathique du film) que j’aimerais ne pas mourir idiote.

 

Le hasard, le vrai fut avec moi. J’achetais un appartement et un beau jour de Mai, j’entrepris d’en faire les vitres. Je froissai consciencieusement toute une pile d’hebdos locaux de petites annonces en tout genre et j’astiquai avec ardeur. M’\303\251tant \303\251cart\303\251e de mon labeur pour fumer une cigarette, je posai sur la feuille de journal \303\240 venir pour continuer le \302\253 pschitt pschitt \302\273 pour carreaux. A mon retour, il avait fait un rond de liquide sur la page des annonces matrimoniales ou non et ce qui me sauta aux yeux fut l’offre alambiqu\303\251e d’un masculin qui se proposait de tisser des liens au sens propre\302\205J’y vis comme un signe du destin \303\240 ne pas laisser \303\251chapper.

 

Je lui r\303\251pondis, nous nous rencontr\303\242mes. L’individu \303\251tait fort correct et n’\303\251tait nullement int\303\251ress\303\251 par de quelconques relations sexuelles \302\253 Je suis un ligoteur et c’est tout \302\273 m’avait-il dit d’embl\303\251e au t\303\251l\303\251phone. Cela me convenait parfaitement.

Nous nous v\303\256mes trois fois. Il habitait un magnifique appartement sis dans la ville vieille, et l’avait ordonn\303\251 \303\240 sa guise. Une chambre aveugle \303\251tait tapiss\303\251e de tentures pourpres et noires et portait des crochets partout, aux murs, au sol\302\205

Il jouait sans quasiment toucher la peau de ses doigts avec de tr\303\250s fines cordes de chanvre et r\303\251alisait des merveilles, des semi-suspensions donnant des airs de libellule, de marionnette ou de danseuse.

Je vins ainsi chez lui deux fois et nous \303\251change\303\242mes peu de mots si ce n’est qu’il me dit que je ne m’\303\251tais pas tromp\303\251e, que j’\303\251tais bien, ce sont ses termes, \302\253 concern\303\251e \302\273 par la chose\302\205

Deux fois magiques. Car moi aussi, pass\303\251e l’\303\251tape du concret, je savais que j’\303\251tais enfin entr\303\251e dans mon monde de ressentis absolus\302\205M\303\252me s’il n’\303\251tait pas question d’amour. Ce mot-l\303\240 n’eut pas le temps d’\303\252tre envisag\303\251 m\303\252me.

 

C’est \303\240 la troisi\303\250me fois que tout se g\303\242ta. Juin \303\251tait arriv\303\251 et il faisait tr\303\250s chaud. Il me proposa un verre d’eau que j’acceptais de bonne gr\303\242ce. Mais nous all\303\242mes le boire dans son salon. Celui-ci \303\251tait rempli de tables basses avec, pos\303\251es dessus, des montres de toutes les \303\251poques, de toutes les marques. Il y en avait une jaune. Je voulus la toucher machinalement. Il me pria de n’en rien faire. Il \303\251tait c\303\251libataire et l’attitude sentait le maniaque \303\240 plein nez.

 

Il y avait aussi une collection de disques de Brel, de Bobi Lapointe et de Lavilliers. Je trouvais \303\247a sympa .. J’en fis la remarque. Il se tut.

Voyant quelques num\303\251ros de \302\253 L’Express \302\273 sur un coin de meuble, je me mis \303\240 vouloir parler de l’air du temps. Jospin \303\251tait alors Premier Ministre depuis peu. Il me coupa s\303\250chement, se lamentant sur les socialistes qui allaient ruiner la France, d\303\251clara qu’il avait rendez-vous le lendemain matin au Tribunal des Prud’hommes o\303\271 l’un de ses employ\303\251s l’avait tra\303\256n\303\251 et qu’il allait perdre \303\240 cause des lobbies de Francs Ma\303\247ons\302\205     

Je lui avais dit au t\303\251l\303\251phone avant de le rencontrer que je travaillais dans la Fonction Publique. Il s’anima tout \303\240 coup avec v\303\251h\303\251mence et me demanda si je savais ce qu’\303\251tait l’avoir fiscal. Diantre ! C’est vrai que je n’en savais rien\302\205

Alors, plus \303\251nerv\303\251 encore, il me dit que les fonctionnaires ne devraient pas avoir le droit de vote et puis que je devais partir parce qu’il devait revoir son dossier et que de toute fa\303\247on l’apr\303\250s-midi \303\251tait g\303\242ch\303\251e.

 

C’est ainsi que je me retrouvais dans l’escalier. Je n’eus plus de nouvelles de lui. Deux ans apr\303\250s, je le rencontrais par hasard en ville. Il fut terroris\303\251 en me voyant, me tint un discours incoh\303\251rent et me souhaita tout le bonheur du monde avant de s’enfuir si vite qu’il en loupa le trottoir.

 

J’avais entre temps r\303\251pondu \303\240 une autre petite annonce et je venais de m’embarquer pour trois ans avec le goujat sans scrupules que j’ai si souvent \303\251voqu\303\251 ici que nous le laisserons de c\303\264t\303\251.

L\303\240, il fut pour la premi\303\250re fois question de soumission, mais sans \303\242me. Pas sans amour ou sans d\303\251sir d’aimer de ma part et de ma seule part, h\303\251las.

Le comble est de savoir aujourd’hui que ces ann\303\251es pass\303\250rent sans que cet homme ne m’apprit rien.

Mais le fait de ne rien apprendre d’autrui pousse \303\240 apprendre par soi-m\303\252me et voici que repassent sous vos yeux le vieux d\303\251cor des forums du chat payant qui traversent eux aussi souvent mes pages et que l\303\240-bas, je rencontrai M., que nous v\303\251c\303\273mes de nombreuses p\303\251rip\303\251ties, que nous nous install\303\242mes dans notre relation amoureuse r\303\251ciproque qui m’am\303\250ne \303\240 penser aujourd’hui de la soumission ce que j’en pense \302\253 \303\240 mon \303\242ge et \303\240 l’heure qu’il est \302\273 et qui est tr\303\250s diff\303\251rent de mes pens\303\251es adolescentes.

 

Mais je vais garder cela pour une prochaine fois\302\205

Cela m\303\251rite bien un autre post \303\240 part enti\303\250re\302\205.

 

 

 

AURORA | 12/1/2004
:-)) Comme quoi parfois il vaut mieux qu'ils ne parlent pas hein?!..
justemoi | 12/2/2004

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xioix | 12/2/2004
Le sort tire
En traits
Les manières

Le M.d'AURORA | 12/2/2004
bonjour Aurora,

euh j'sais pas trop quoi..que moi aussi, j'suis passé par des histoires assez pénibles aussi... sinon j'adore l'illustration de ce post..j'aurai adoré la faire moi mm..!

bisous à mes deux amoureux préferés!;)
falo à Aurora | 12/2/2004
En tirer l'essor
Et l'attrait
Sans mal, d'hier
justemoipsychoquinerésistepas :-)) | 12/2/2004
KarmaOS