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auroraweblog
Tout ceci est effrayant, parce que derrière la violence qui est évoquée et se développe frontalement, visiblement, et même spectaculairement via les attentats, grouille tout un monde parallèle de sociétés secrètes, de loges pseudo-maçonniques, de services secrets plus ou moins louches, d'agents doubles et troubles, de vrais-faux repentis et d'authentiques malfrats -- quelque chose de très romanesque dans l'oeuvre de John Le Carré, mais nettement plus glaçant dans "la vraie réalité" .
Cela dit, toute honte bue et avec les plus grandes précautions, je dois avouer que ce que je regrette de ce temps-là, c'est qu'à l'époque les bourgeois, les capitalistes, les grands patrons, les politicards et les financiers, crevaient littéralement de trouille et rasaient qq peu les murs. Aujourd'hui ils se pavanent en rolex-weston-bling bling, et la peur a changé de camp. Finalement, un vieux coup dans les rotules (horribile dictu), ça remettait les choses en place assez clairement, au fond...
Idalie Felix | 5/13/2008
"Dès qu'on prend position, on a des ennemis." C'est une phrase un peu banale qui me vient à l'esprit. Alors, faut-il rester crétin ou médiocre ?
Cette "tragédie italienne" me glace, donc ne m'étonne pas. La détailler est se retrouver un peu. Surtout quand l'évènement tient au coeur, comme vous le confirmez, Aurora.


Joel Faure | 5/13/2008
Chère Idalie,

Aujourd’hui, en 2008, je ne saurais plus quoi vous répondre.
Bien sûr que certains eurent peur.
On nous a resservi récemment la saga des richissimes Bruni-Tedeschi venus vivre en France par crainte des Brigades Rouges.
Mais eux, comme d’autres du même milieu, faisaient-ils vraiment profil bas ?

Je me souviens surtout de cibles mal choisies : plus de Professeurs d’Université, de journalistes que de réels exploiteurs du peuple.
J’ai encore en mémoire ces phrases rhétoriques comme « Colpirne uno per educarne cento ».
Croyaient-ils vraiment, les BR et autres, qu’atteindre l’infime roue d’un engrenage allait suffire pour que tout un système s’effondre ?
Et puis, il y avait les gens de la rue -ceux comme vous et moi sommes aujourd’hui- qui vivaient dans la peur au quotidien sans n’être pour rien mêlés au pouvoir : peur de prendre un train qui pouvait sauter, peur d’être atteints dans une opération de police (pour en avoir fait l’expérience maintes fois, je peux dire qu’ils étaient « nerveux » en ce temps-là, les membres des forces de l’ordre !).

Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est s’il y eut quelqu’un (ou des entités organisées) à tirer les ficelles.
Je pense à Sergio Franceschini (déjà en prison lors de l’affaire Moro) quand il dit :
« Je voudrais savoir, comprendre. Je voudrais la vérité, parce que l’idée d’avoir involontairement servi les intérêts d’Andreotti m’est insupportable… ».

Cependant, pour cette génération qui s’est trompée (je ne parle pas des 32 condamnés pour la séquestration et l’assassinat de Moro qui sont tous dehors depuis longtemps !) et malgré tout ce dont elle s’est rendue coupable, je réclame l’amnistie en sachant qu’elle ira paradoxalement aux terroristes « noirs » aussi (mais comme ils sont très peu à avoir été condamnés…).
Je sais que, ce faisant, je choque les Italiens qui veulent oublier et pour eux l’oubli passe par le fait de ne jamais pardonner.
Pour moi, cette amnistie permettrait peut-être -qui sait ?- à quelques-uns de parler, non plus dans le cadre judiciaire des « repentis », mais de façon à donner sa vérité à l’Histoire.


AURORA | 5/14/2008
Joël> Vous n'avez pas tort dans ces mots que vous employez, peut-être inconsciemment.
Pour moi, relater ici est une manière de "briser la glace" ou "ce qui me glace"...
AURORA | 5/14/2008
"Pour cette génération qui s’est trompée (..) et malgré tout ce dont elle s’est rendue coupable, je réclame l’amnistie en sachant qu’elle ira paradoxalement aux terroristes « noirs » aussi (mais comme ils sont très peu à avoir été condamnés…)", écrivez-vous, chère Aurora.
Vous avez parfaitement raison : je pense en particulier à l'infortuné Cesare Battisti, toujours enfermé au Brésil et menacé d'extradition vers l'Italie où, sans pouvoir bénéficier d'un procès équitable, il ira moisir en prison à perpétuité. N'oublions pas ce garçon, qui, sans pour autant renier son passé de lutte armée, dit n'avoir tué personne, -- et qu'il faudrait peut-être accepter d'entendre. "Pardonne, mais n'oublie pas", dit le proverbe juif... Les Italiens ne pourront oublier que s'ils pardonnent.
Idalie Felix | 5/14/2008
Idalie chère> Ce n'est un secret pour personne (j'en avais parlé sur mon ancien U-blog "Oiselle") : tout comme vous, je milite aussi contre l'extradition par le Brésil de Cesare Battisti.
Pour ceux qui veulent plus d'éléments sur son histoire personnelle et politique, très différente de celle des BR, lire son livre "Ma cavale", publié en 2006 chez Grasset.
AURORA | 5/15/2008
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