Dessin © ???

Trastevere.

Une chambre d’hôtel. Des cris qui montent des maisons adjacentes. L’accent romain qui traîne sur toutes les voyelles.

Nous avons tiré les rideaux pour n’être pas vus des habitants de l’immeuble d’en face.

Nous avons fermé les fenêtres pour avoir une vue qui soit seulement celle que l’on a à l’arrière des yeux.

Je défais la barrette qui retient mes cheveux, Tu fais voler la légère robe portefeuille de lin blanc que nous avons achetée la veille pour trois sous sur un marché. Là même où nous avons savouré « un gelato ».

Vanille et chocolat.

Tu me regardes bouger, marcher devant Toi.

J’ai pris une taille de plus en quelques mois. Pourtant, je me sens belle pour Toi. Désirable pour Toi.

Tu me jettes sur le lit et je m’abandonne  Tes mains. Je laisse Tes doigts parcourir mon corps.

Tu me renifles, Tu me manges. « Cherchant qui dévorer… »

Et la marée déferle soudain. Elle vient de loin.

J’ai fermé mes yeux pour Te sentir. Pour T’écouter avec chaque centimètre carré de ma peau.

Chacun de Tes mouvements se mêle aux miens parfaitement. Nous nous enchevêtrons comme mur et lierre, tenon et mortaise.

Je me dissous dans Ta salive. Et puis Tu m’ouvres comme la foudre tranche en une seconde l’arbre en deux et le fait flamber.

La lumière semble avoir changé, le plafond a disparu pour laisser place au ciel.

Nous y montons ensemble comme dans les tableaux de Chagall avec tout le mystère et la beauté de deux corps qui se sont fondus l’un en l’autre.