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Le BDSM est-il soluble dans le Fetish?

AURORA | 15 | 6/25/2006
Sans parler du fetish, je voudrais juste reprendre un point :

"Et le regard que l?on pose désormais sur nous est plus indulgent"
Je ne trouve pas... J'ai l'impression qu'avant, on était traités de fous, et que maintenant on est simplement considérés comme ridicules. Je ne sais pas si c'est vraiment de l'indulgence...
Rhalph | 6/26/2006
Fous, oui, au sens propre du mot et jusqu'à il n' y a pas si longtemps, Rhalph...
Et sans doute encore aussi fous aujourd'hui pour beaucoup de gens qui ne lisent pas, qui ne s'informent pas.
Par contre, je pense que tous ceux qui ( ne hurle pas!) ont fait un tant soit peu partie des auditeurs d'un Thierry Ardisson se sont un peu décoincés quant à nous.
Le très grand nombre de blogs BDSM (quoi que je pense personnellement de la plupart) et les dialogues qui s'y nouent montrent aussi un certain esprit de tolérance ( à défaut d'indulgence).
Je ne me suis jamais vue traiter de ridicule sur ce site.
Ceux qui se trompent de voie passent leur chemin mais à part quelques minables vieux règlements de compte avec quelques BDSMeurs, je dirais que j'ai trouvé que les gens qui me commentaient avaient une très grande ouverture d'esprit.
AURORA | 6/26/2006
C'est vrai que le sujet est délicat. Jusqu'à connaître ce blog j'étais un vrais niais preste au préjugé facile. Puis en réfléchissant et en lisant ici la façon dont Aurora en parle, j'ai absolument corrigé mon jugement. Vive la tolérance, vive la liberté !
Plasoc | 6/26/2006
de passage, juste attentive.
selva | 6/26/2006
Chère Aurora,

Vous abordez une question qui m'importe au plus haut point. Je souhaite vous faire part de quelques réflexions inachevées et formulées en vrac. Pardonnez par avance leur aspect réducteur (mais un 'commentaire' ne permet pas de faire dans la nuance argumentée - j'indique des axes).

Je commencerai par le livre de Patrick.

Je ne m'en offusque pas pour deux raisons.

1. (argument faible) quand on connaît les conditions de commande et de publication de l'ouvrage, on ne peut qu'arriver à la conclusion suivante : ce livre est un produit et il ne pouvait pas être autre chose.

2.Si l'on veut être positif (je le suis de plus en plus dans ma vie... sourire), ce bouquin doit être pris comme un signe, un indice de ce qui est précisément en train de changer au sein de la société française : à savoir l'émergence de communautés nouvelles fondées sur des pratiques sexuelles (je vais vite et je schématise). Qu'on me comprenne bien : autant je prends le pari pour dire que dans 50 ans les universitaires étudieront le livre de Catherine Millet, autant je suis sûr et certain que le livre de Patrick sera oublié, rapidement. Cela sera ainsi. Le trun over des documents et témoignages est terrible : 3 mois d'espérance de vie pour un livre... L'un a un contenu et une écriture ; l'autre ne présente qu'un récit et des faits, dans une langue neutre et sans voix.

Patrick a été médiatisé. Catherine Millet aussi. La médiatisation a servi le livre de Catherine (laquelle n'avait pas besoin de ce livre pour exister, du fait de son travail depuis 25 ans à "ArtPress") et a peut-être permis la publication plus facile chez Gallimard de son escellent petit "Dali et moi". La médiatisation de Patrick a été instrumentée et n'a pas servi à grand'chose (me semble-t-il).


Oui nous sommes en train d'assister à la constitution d'une communauté (petite et encore trop fermée) communauté BDSM française. Pour ma part je m'en félicite. Ce processus (fonctionnant sur le mode américain mais avec 40 ans de retard... comme vous le signalez) implique la sortie de livres (bons ou mauvais), de films, d'oeuvres formidables et de navets retentissants, l'ouverture de boutiques, de commerces, de galeries, l'organisation de colloques, de séminaires, de journées d'études dans les universités, une "médiatisation" du Milieu (en associant des noms connus à ce qui est supposé cimenter le Milieu et la communauté, etc.).

Ce processus selon moi est en marche. Marche lente, marche à la française, mais il est lancé. Et c'est ce que je veux retenir. Car le Milieu et la communauté, demain des milliers de gens inconnus vivront mieux leur sexualité, vivront mieux tout simplement leur vie parce qu'ils n'auront plus (ou moins) honte, qu'ils ne seront plus (ou moins) persécutés, vicitimes de préjugés et de l'ordre moral.

Sur le plan littéraire (qui est mon domaine disons professionnel), ce qui manque c'est un, plusieurs GRANDS livres qui ne soient pas conçus sur le mode du témoignage, du document. Flammarion et les producteurs TV font dans l'audimat et l'audience. Ils veulent un succès de scandale pour vendre des exemplaires ou des espaces publicitaires. Ces témoignages existent, certains sont très bons, d'autres sont oubliés depuis longtemps parce qu'ils n'apportaient rien, ni en termes de contenu ni en termes d'écriture.

Il me semble que le Milieu et la communauté ont aujourd'hui besoin d'autre chose : d'écriture et de littérature.

J'observe à ce sujet que les grands livres érotiques touchant au BSDM ou au SM ont tous (ou quasiment tous) été écrits par des femmes (Réage/Aury, De Berg/Robbe-Grillet). Spengler qui, à mon sens, fait un bon travail d'éditeur à publier des textes d'auteures de qualité. Or les hommes (dominants, maîtres, soumis ou switch) restent muets (ou presque). J'y vois un signe. Sur l'état de la société et des sujets qui la composent. Je m'en suis expliqué publiquement et par écrit à plusieurs fois, notamment avec Jacques Abeille. Il serait temps qu'un éditeur trouve le courage et l'envie de publier des textes véritablement écrits, des textes littéraires parlant du BDSM et du SM autrement que comme une visite guidée chez les "Primitifs" de Papouasie-Nouvelle Guinée. J'observe que les résistances demeurent. Et qu'elles sont fortes en ce domaine. Je pense aussi qu'il importe que parmi le Milieu et la communauté des femmes ET des hommes aient aussi le courage d'écrire, de se confronter à l'épreuve de l'écriture pour dire, en la situant, cette part d'intimité.

J'arrête là. Parce que je vais sinon accaparer vos colonnes. mais, voyez-vous, Chère Aurora, vous avez soulevé une question cruciale... A bientôt.
jmdevesa | 6/26/2006
Je ne connais pas le millieu BDSM, et en fait, je pense avoir parfois des pratiques, comme quoi , comme dirait l'otre je fais sans savoir et ça n'a pas d'importance.Je fais ce que j'aime avec qui j'aime et c'est là l'important, la liberté.
Ce que j'appécie ici c'est l'ouverture, la tranquillité des mots, le plaisir de partager et la tolérance,et l'amour qui transpire.
J'ai decouvert ici, des explications une façon de fonctionner dans "ce milieu" ( j'aime pas dire ce millieu)
j'ai appris aussi.
Bonne journée.
jeanne | 6/26/2006


Moi non plus je n' aime pas "ce milieu". C' est trop réducteur, et ça sent une forme de parisiannisme bobo, dont je suis bien éloigné.

Et puis ça n' est pas vrai qu'il n' y a que les femmes qui osent. Sans parler du Marquis, quelques noms célèbres me viennent en mémoire :

Mirabeau, Restif de la Bretonne, Alfred de Musset, Robbe Grillet (lui...) Aragon, Appolinaire et plein d' autres !

J' aime votre fraîcheur, Jeanne.

Yves à la Fleur
| 6/27/2006
Ma remarque concernant le courage des femmes écrivaines concerne la période que nous vivons. Je citais Jeanne de Berg (Catherine Robbe-Grillet) pour "L'Image". Son époux constitue une exception notable. Mais son "Glissements progressifs" n'a rien d'un livre érotique, et je parlais de cela.Aujourd'hui où la tendance en littérature, et en France, est à l'autofiction et à l'écriture de l'intime, les femmes sont les plus hardies.

L'hypothèse que je défends est que celle-ci : les femmes s'assument mieux en tant que sujets que les hommes lesquels sont englués dans une crise de la "virilité" en cettepériode de mutation (instauration d'une société de l'information et de la circulation généralisée des signes).

Evidemment si on remonte dans le passé, les hommes ont leur part. A commencer par Sade et Sacher-Masoch. mais là n'était pas mon propos. Nous parlions du Milieu et de la communauté BDSM...
jmdevesa | 6/27/2006
Vaste sujet et belle analyse.

Aux termes S-M ou BDSM, nous avons préféré en ce qui nous concerne le terme "D-S" en guise de générique. La domination - soumission est une porte d'entrée, un angle d'approche qui nous sied bien.

Quant à la littérature masculine sur le sujet, elle est effectivement mal accueillie par le monde de l'édition. Un homme soumis est moins acceptable qu'une femme soumise...
Le chemin sera encore long.
Luckysky | 6/27/2006
Pourquoi le BDSM , avec ou sans majuscules d'ailleurs... devrait il échapper aux trois F qui, on nous le répète à longueur de médias et de pubs, sont au centre de nos vies ????????,,
Tout a comménçé par une "récup" des "signes" par ces gourous du 21ème siécle ( gourous au sens sectaire du terme ) qui nous rabachent à longueur de pubs et autres instruments dignes d'une propagandastaffel " crois en la sainte église de la fripe, de la frime et du fric, crois et tu seras heureux " ....
Il était de bon ton dans les années 80 de sortir dans certains lieux branchés fringué "pigalle" ...
Avec le temps ne nous leurrons pas , les soirées fétish ne sont plus que des tekhnivals pour ex lecteurs de libé vieillis ... et friqués ....
et la techno me fait ch...
et le skaï me fait transpirer ...
et les cons me donnent envie de ger.... avec leur recherche de "sensations transgressives" ... si ridicules ...
Et sur le sujet de "l'art" ... je préfère définitivement le cochon aux porcs ....

les marques du plaisir | 6/27/2006
Je ne suis plus intervenue ici parce que le débat a échappé au sujet que j'abordais mais comme il s'en éloignait de façon riche, j'ai laissé faire.
Notamment en matière de littérature française apparentée au BDSM, je sais que je n'ai chroniqué ici (à deux exceptions près "Martin Roi" de François Prunier -remarquable roman sur la soumission masculine- et le "Journal d'un Maître" de Patrick Lesage), que des livres de femmes, regrettant (et l'écrivant) que les hommes produisent si peu.
Honnêtement, l'opus de Lesage (personnage qui me donne des boutons) m'a fait regretter d'avoir dit ça...
Mieux vaut le silence dans certains cas que la nullité absolue.

Pour ce qui est du "Milieu", ce n'était pas non plus le sujet central mais force est de constater qu'il est en retrait aujourd'hui.
Le "Milieu", c'était qui?
Et bien, précisément, les couples cités dans le livre de Patrick Lesage ( et eux-mêmes auteurs de livres, on me fera grâce de ne point les nommer) plus quelques rares acolytes qui gravitaient autour et le problème résidait dans le fait que c'était fatalement le même BDSM qu'ils "représentaient" et que beaucoup de gens ont considéré ce BDSM comme incontournable.
Sectaires en ce sens, ils ont fait du mal.
Au même titre que ceux qui ne sont pas capables d'analyser l'"Histoire d'O" comme l'avait fait Mandiargues dès sa sortie en 1954 : "un livre plus mystique qu'érotique" et qui continuent à en rêver comme d'un mode d'emploi pour la relation SM idéale. Ils sont hélas nombreux.

Le terme"D-S" qui semble vous convenir (et tant mieux), Luckysky, ne peut effacer BDSM et SM, il n'en est qu'une partie.
Je continuerai à écrire BDSM et SM justement parce que je crains qu'à court terme et c'était le sujet de mon texte, tout cela ne se fonde dans le "Fetish". Le chemin est déjà tout tracé.
LesMarques, c'est bien connu, n'est pas d'un optimisme foisonnant mais le fond de son analyse (sociale) de ce jour n'est pas faux.
AURORA | 6/28/2006
Délirants débats !
Caroline | 6/30/2006
Je me permets de recommander, sur ces questions des liens entre SM et Fetish, mon ouvrage : "Le fétichisme, perversion ou culture ?" Belin, 2004, ainsi que mes autres travaux sur ces thémes.
Bien à vous, et merci mour votre passionnant blog que j'ai connu grâce à JM Devesa
Ph. Rigaut | 7/3/2006
Philippe Rigaut> je viens de lire la présentation de votre ouvrage sur Amazon. C'est avec grand intérêt que je le lirai. Merci.
AURORA | 7/4/2006
Aurora : j'essaie modestement de faire mieux connaître ces univers, de donner des clefs de comprhéension tout en préservant la singularité de chaque expérience.
Philippe Rigaut | 7/4/2006
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