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BDSM EMOI (PAS MOI) : SOUMISE, SI FUT-IL ...

 

                     AURORAWEBLOG Soumise en pose

                                                   Photo \302\251 Borcher Swan

 

 

Ce texte n'est en rien la suite du pr\303\251c\303\251dent. Pas la peine m\303\252me d'y chercher un \303\251cho.

Il est comme un m\303\251mo face \303\240 une photo. Et un plaisir de mots...

 

 

\302\253 Si fut-il \302\273 et si tant est qu’il fut, serait-il si futile qu’elle se demand\303\242t \303\240 quoi servit ce temps o\303\271 elle l’attendit ?

 

Il l’avait plac\303\251e l\303\240, tr\303\250s doucement pouss\303\251e vers la paroi, elle n’y voyait rien, elle n’entendait rien depuis de longs instants, depuis que les menottes d’un clic rapide et net avaient stopp\303\251 tout \303\251lan possible, tout geste qui am\303\250ne un semblant de d\303\251but de dialogue sans mots.

Les murs sont les \303\251glises de celles qui se taisent. Elles s’y appuient pour m\303\251diter le silence.

 

Ob\303\251ir en pr\303\251sence -puisque il \303\251tait l\303\240- quelque part dans le noir de cette fausse absence.

Les bretelles du caraco avaient d\303\251gringol\303\251 tr\303\250s vite sur ses \303\251paules sans que ni lui ni elle n’aient provoqu\303\251 cela. Elle se tenait coite. Elle attendait la suite.

Un bourdon dans la t\303\252te, tout un titillement des sens, un peu de crainte, une appr\303\251hension g\303\251rable qui soudain ne l’est plus tout \303\240 fait. N’arrivait-il pas toujours un moment o\303\271 elle se demandait ce qu’elle faisait l\303\240 ? Et lui, \303\251prouvait-il au m\303\252me moment la m\303\252me chose ?

 

Et pourtant, revenir, revenir toujours\302\205Traverser la ville pour parvenir jusqu’\303\240 lui, par\303\251e comme il se doit ou comme elle imaginait qu’il fallait l’\303\252tre, chaussures peu commodes, lingerie fine, bijou discret, bas lisses.

Il avait plu ce jour-l\303\240 et de nombreux embouteillages avaient fait de la ceinture parisienne une embuscade.

Elle avait eu un peu de retard et s’\303\251tait trouv\303\251e paniqu\303\251e \303\240 l’id\303\251e que peut-\303\252tre, il ne l’attend\303\256t pas.

Elle \303\251tait arriv\303\251e, son manteau d\303\251tremp\303\251 ; il fumait, lui tournant le dos et regardant par la fen\303\252tre. Il avait donc du voir ces derniers pas, cette course chancelante entre les flaques sur des talons trop hauts.

Avait-il song\303\251 au mot \302\253 ridicule \302\273, avait-il plut\303\264t choisi celui d’ \302\253 \303\251mouvant \302\273 ?

Que pensait-il d’ailleurs toujours de cette femme folle qui venait l\303\240 se donner \303\240 demeure dans une suite de rites sempiternels qui faisaient d’eux deux des muets ?

 

Il posait les conditions, il conditionnait les poses.

Elle ob\303\251issait.

C’\303\251tait si simple et si compliqu\303\251 \303\240 la fois. Si simple dans l’instant, si profond, si fort.

Si compliqu\303\251 apr\303\250s quand elle devait y r\303\251fl\303\251chir, trouver un sens \303\240 cela qui ait une place malgr\303\251 tout dans son tout-le-temps.

Elle ne pouvait \303\252tre et elle et celle-l\303\240. Il fallait que les deux cohabitent en elle les jours de rien en vu. Et c’\303\251tait difficile.

Mais les jours de rendez-vous \303\251taient n\303\251cessaires, oh ! si n\303\251cessaires\302\205 Quelque chose de vital m\303\252me.

 

Ne parler \303\240 personne de cet arrangement. \303\207a n’en vaut pas la peine, personne ne comprend qu’on puisse sembler dure aux yeux des \302\253 quotidiens \302\273 et s’aimer dos au mur pour un homme dont on ne conna\303\256t rien.

 

Il n’\303\251tait \303\240 Paris que pour six mois. Un stage ou quelque chose comme \303\247a. On envoie tellement de stagiaires de ceci ou de cela dans la capitale.

C'\303\251taient des mots qu'il avait livr\303\251s \303\240 l’arrach\303\251 d\303\250s la premi\303\250re fois. Elle n'avait rien demand\303\251 de plus.

Il laissa pourtant avant de partir une adresse et un t\303\251l\303\251phone. Ce fut elle qui n’\303\251crivit pas, qui n’appela pas.

 

Pendant quelque temps -tr\303\250s peu- il utilisa le r\303\251pondeur de son portable pour lui donner des signes de vie.

Mais la vie, la seule vie possible pour eux \303\251tait rest\303\251e coll\303\251e au mur de l\303\240-bas.

Un l\303\240-bas dans un quartier o\303\271 elle \303\251vitait de passer maintenant, m\303\252me en bus, m\303\252me en voiture. Elle pr\303\251f\303\251rait faire un d\303\251tour.

 

C’est qu’elle savait qu’un jour d’autres histoires se superposeraient \303\240 celle-ci, identiques sur bien des points \303\240 cause de cet attachement qu’elle avait pris de lui pour les rites immuables.

 

Mais \302\253 si fut-il \302\273 et  puisqu’il fut, et m\303\252me qu’il fut le premier \303\240 lui donner l’attente en partage, il n’\303\251tait pas si futile de garder plaie si tendre et douce nostalgie du temps de son passage et de ces heures longues o\303\271 elle l’attendit en sa pr\303\251sence absente.

 

 

 

 

 

 

 

 
AURORA | 2/8/2006
Aurora la jongleuse de mots ? Avant de devenir fildefériste ?
Bon, moi je lis, je lis, je lis... et je ne lie toujours point.
plasoc | 2/9/2006
oh ! si nécessaires? Quelque chose de vital même. c'est tellemt bien exprimé cette maniere quelque fois de mettre le doigt dans l'engrange fatal et de ne pas pouvoir l enlever ou même de le remettre. laisser l'autre prendre le soin de décider
liotoufou | 2/9/2006
petite errance tranquille dans ton univers..
selva | 2/9/2006
Bander
Ses yeux
Attacher
Ses cheveux

Aiguilles
Aux pieds
Argiles
Trépieds

Menottes
Aux mains
Tremblotte
Bien loin
Alma Erranta | 2/9/2006
bisous
nimo03 | 2/9/2006
Très très belle photo et texte qui sonne vrai.
Certains passages me parlent... Doucement... Et à l'oreille me murmurent "souviens toi...".
En particulier celui-ci "personne ne comprend [...]... dont on ne connaît rien"...
Evidemment à cette heure je ne dois pas être clair.
Bon allez hop au lit !
Et tiens ça me fait penser que je retourne bientôt à Paris pour faire "un stage ou quelque chose comme ça" ;)...
Gilles | 2/9/2006
"...un quartier où elle évitait de passer maintenant, même en bus, même en voiture."
Terrible sensation. Ne plus pouvoir me rendre à Paris, ni affronter un tant soit peu la gare de Lyon. Impression qu'Il est là au bout du quai à m'attendre, le visage fermé, à peine souriant, que je vais embrasser son poing, discrètement, qu'on va partir très vite, dans un hôtel du coin assez gentiment borgne, et que le mur,et que rien dire,et que personne ne comprend. Mais il n'y a plus personne. Merci Aurora, même si vous me faites pleurer ce matin -- et j'ai pourtant la larme rare.


Idalie Felix | 2/9/2006
Très jolis textes qui, même si vous refusez le rapprochement, ont tout de même en commun ce regard très particulier qui veut que pour parler de l?héroïne BDSM, on parle d?abord du regard que l?on porte sur elle. ?Les bretelles du caraco avaient dégringolé très vite sur ses épaules", etc. dans ce texte-ci (joli texte, je le redis) ou, dans le précédent texte (tout aussi maîtrisé) cet usage de la 3e personne qui confirme qu?il est impossible à la soumise de se constituer en sujet. Car la 3e personne traduit en fait la distance du regard porté sur l?objet. Oui, oui, je sais... le dédoublement est difficile. J?en fais moi-même l?expérience. Mais courage, il n'y a pas de raison que nous n'y arrivions pas !
Mandorie | 2/9/2006
Mandorie,

Il se peut que j?aie mal compris votre commentaire. Vous considérerez alors celui-ci comme nul et non avenu?

Lorsque j?écris une fiction, j?utilise aussi bien la 1ère que la 3ème personne.
« Le kimono rouge » était un "je":
http://www.u-blog.net/AURORAWEBLOG/note/57752
et ne parlait pourtant pas de moi.
« L'élève» est un "elle" et?ce n?est pas moi non plus !
http://www.u-blog.net/AURORAWEBLOG/note/58330

Longtemps en revanche, mon blog a été parsemé de textes intimes qui, eux, assumaient et même revendiquaient le « je » et le « nous ». Ce « je » intime ayant été une fois confondu avec mon « je » polémiste pour aller tirer ailleurs des conclusions hâtives sur « nous », j?ai décidé de ne plus rien publier ici de notre privé.


AURORA
AURORA | 2/9/2006
C'était juste une réflexion à propos du personnage féminin mis en scène - publiquement - dans Si fut-il et Venise. En aucun cas, il ne peut être pour moi question de me prononcer sur ce qui est de vous, de ce qui vous est personnel et relève de votre intimité. Mais je vous retourne la précaution d'usage : si j'ai mal compris, considérez ce commentaire comme nul et non avenu.
Mandorie | 2/9/2006
Sourire...J'avais mal compris donc.
Mais voilà, je ne sais vous répondre...
Peut-être que c'est ce que l'on ressent en effet quand j'écris parce que je pars de photos ou d'images.
C'est en tout cas "involontaire" et s'il est beaucoup question de regard dans les deux textes en question, il faut aussi sentir celui que les "elles" portent sur elles-mêmes.
A la limite, je dirais que je les vois se voir et que j'ai écrit "elle" comme j' aurais écrit "je" machinalement (sans l'avoir choisi délibérément) et non pour ne pas qu'elles "se constituent en sujet" ou soient constituées en sujet par celui qui lit.

AURORA
AURORA | 2/10/2006
où est l'aspirine ? ;)
Gilles | 2/10/2006
KarmaOS